La Banque centrale européenne (BCE) estime que la reprise de la croissance et de l'inflation observée en 2016 en zone euro devrait se poursuivre cette année en dépit des incertitudes politiques, dans son rapport annuel publié lundi.

«L'incertitude politique va vraisemblablement persister en 2017. Mais nous restons confiants dans la poursuite de la reprise économique, stimulée par notre politique monétaire», affirme Mario Draghi, président de la BCE, en introduction du document.

L'année 2016 «a commencé en étant voilée par l'incertitude économique», mais «elle s'est terminée en laissant la conjoncture sur ses bases les plus solides depuis la crise», se félicite le banquier central.

Auditionné ce jeudi par la Commission des affaires économiques et financières du Parlement européen, le vice-président de la BCE, Vitor Constancio, a une nouvelle fois justifié la communication de l'institution sur sa politique monétaire, estimant qu'«un réexamen n'est pas nécessaire à ce stade».

Jeudi dernier, Mario Draghi comme le chef économiste de la BCE, Peter Praet, ont tenu des discours similaires pour éloigner l'idée d'un resserrement monétaire en préparation, pourtant souhaité par quelques membres du Conseil des gouverneurs, comme le président de la Bundesbank, Jens Weidmann.

En mars 2016, face aux dangers d'une inflation persistant à un bas niveau, la BCE avait renforcé son programme de rachats d'obligations, baissé ses taux d'intérêt pour les porter à leur plus bas historique, et alloué aux banques une nouvelle salve de prêts géants bon marché.

Ces mesures visent à améliorer les conditions d'emprunt des ménages et des entreprises, en vue de donner un coup de pouce à la croissance et à l'inflation. Il s'agit de la faire revenir dans les clous du mandat de la BCE, défini par un taux proche, mais inférieur à 2% à moyen terme.

Tirant en décembre dernier les enseignements du début d'amélioration en zone euro, la BCE a cependant décidé de ramener de 80 à 60 milliards d'euros par mois son programme de rachat d'actifs, une décision appliquée à compter de ce mois.

Le rapport réitère l'appel aux gouvernements des pays de la zone euro à renforcer le rythme des réformes, en particulier pour fluidifier le marché du travail et dédier davantage de dépense publique au soutien de la croissance.

À propos du Brexit, l'un des principaux risques pour l'économie en zone euro, la BCE réaffirme «l'homogénéité des règles et de leur application» au sein du Marché unique sont «indispensables», au moment où Londres et Bruxelles entament des négociations promises pour être âpres.

En même temps, la BCE a dans le viseur la Commission européenne, qui n'a pas recommandé l'an dernier de sanctionner l'Espagne et le Portugal en dépit de leur inaction face à des déficits publics supérieurs à la norme européenne autorisée. «Une application des règles budgétaires aurait été la bienvenue pour que le Pacte de stabilité et de croissance européen demeure pleinement crédible», estime la BCE.