La Chine a enregistré en février un déficit commercial inattendu, pour la première fois depuis trois ans, à la faveur d'une envolée de ses importations et d'un repli des exportations, témoignant des distorsions dues au Nouvel An lunaire.

Le commerce extérieur du géant asiatique, au coude-à-coude avec les États-Unis comme première puissance marchande du globe, a accusé le mois dernier un déficit de 9,1 milliards de dollars, ont annoncé mercredi les douanes chinoises, contre un excédent de 51,3 milliards en janvier.

À l'heure où l'économie chinoise continue de s'essouffler --avec une croissance au plus bas depuis 26 ans--, les statistiques des douanes sont attentivement scrutées: le commerce extérieur reste un moteur traditionnel du PIB de la Chine.

Les chiffres officiels exprimés en dollars, qui font référence, ont été publiés avec plusieurs heures de retard sur les statistiques en yuans.

Mais quelle que soit la devise choisie, cet important déficit prend tout le monde de court: les analystes sondés par Bloomberg anticipaient pour février un excédent de 27 milliards de dollars.

De son côté, l'administration du président américain Donald Trump ne désarme pas contre Pékin, qu'elle accuse de manipuler sa devise pour doper artificiellement ses exportations et creuser son excédent.

Certes, le retournement de la balance commerciale s'explique avant tout par la solidité des importations: elles ont bondi de 38,1% en dollars sur un an à 129,2 milliards de dollars.

C'est une saisissante accélération par rapport à la hausse enregistrée en janvier (+16,7%) et bien au-delà de l'anticipation du marché (+20%).

«Mais il faut prendre ces chiffres avec de grandes pincettes, étant donné le décalage du Nouvel An lunaire, qui perturbe considérablement l'activité des ports et des usines, et qui provoque une forte volatilité des statistiques», avertit Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

Les longs congés du nouvel an chinois, pendant lesquels usines et commerces cessent leur activité, ont débuté cette année dès fin janvier, au lieu de février en 2016, ce qui complique les comparaisons.

Pour autant, l'envolée de février traduit «la santé de la demande intérieure, sur fond d'essor des investissements, ainsi que le renchérissement des matières premières», qui gonfle mécaniquement la valeur des importations, observe Yang Zhao, analyste de Nomura, dans des commentaires transmis à l'AFP.

À l'inverse, les exportations chinoises ont trébuché en février, enregistrant un repli-surprise de 1,3% sur un an à 120,1 milliards de dollars. Là encore, c'est à rebours des prévisions du marché qui anticipait une hausse 14,6%.

Cet inquiétant déclin intervient au moment où les exportations de la Chine commençaient tout juste à se remettre de leur vertigineuse dégringolade: elle s'étaient repliées de 7,7% sur l'ensemble de 2016 et avaient dévissé de 6,1% en décembre, avant de rebondir de 7,9% en janvier.