La maison mère d'Euro Disney veut reprendre entièrement le contrôle sur sa filiale française, empêtrée entre une dette abyssale et une fréquentation à la peine et, avant de réinjecter massivement de l'argent, a proposé vendredi une porte de sortie aux petits actionnaires.

The Walt Disney Company va dans un premier temps racheter 90 % des titres détenus par la holding du prince milliardaire saoudien Al-Walid ben Talal, portant ainsi sa participation de 76,7 % à 85,7 % dans l'exploitant de Disneyland Paris.

La société américaine veut ensuite lancer une offre publique d'achat (OPA) sur la totalité des actions Euro Disney restant en circulation, a priori du 21 avril au 19 mai. Si le seuil de 95 % est atteint, Disney prévoit de retirer sa filiale de la Bourse.

Le prix proposé, deux euros l'unité, représente une prime de 67 % par rapport au cours de l'action à la clôture du marché le 9 février 2017. C'est toutefois bien loin des 11 euros que valait le titre lors de son introduction en Bourse en novembre 1989. L'action, avant d'entamer une descente aux enfers, était même montée jusqu'à 25 euros avant l'ouverture du parc.

Vendredi matin vers 9 h 15 GMT (4 h 15, HE), le titre s'envolait mécaniquement de 65 % à 1,98 euro sur Euronext.

Début de reprise

Première destination touristique privée en Europe, Disneyland Paris enchaîne depuis des années les restructurations financières pour réduire sa dette.

Et le groupe, affecté par une baisse de fréquentation importante et des dépenses de sécurité accrues suite aux attentats de 2015 et des dépréciations d'actifs, a enregistré une perte nette record en 2015/16 de 705 millions d'euros.

La dette de la filiale a augmenté sur l'année de 134 millions pour atteindre 1,13 milliard d'euros fin septembre 2016 (clôture de l'exercice annuel).

Euro Disney a bien fait état vendredi d'une amélioration de son activité entre octobre et décembre, avec notamment une hausse de 6 % du nombre de visiteurs dans ses parcs à thème. Et il mise sur le lancement des festivités de son 25e anniversaire en mars pour attirer encore plus de monde.

Mais il a aussi dû recalculer selon les principes comptables français une charge inscrite dans ses comptes annuels de 2016, la faisant passer de 565 millions d'euros à 953 millions d'euros.

Si cette dépréciation n'a pas, selon Euro Disney, « d'impact sur les comptes consolidés du groupe préparés selon les (normes) IFRS ou (sa) trésorerie », elle oblige le groupe à « reconstituer ses capitaux propres dans le délai de deux ans imparti par la loi ».

Disney, après l'OPA, va engager une recapitalisation devant « permettre au groupe de poursuivre la mise en oeuvre des améliorations au sein de Disneyland Paris, de réduire son endettement et d'améliorer sa trésorerie ». La société américaine prévoit d'investir jusqu'à 1,5 milliard d'euros.

La nouvelle opération présentée vendredi « reflète le soutien indéfectible de The Walt Disney Company vis-à-vis de Disneyland Paris et de la France », a assuré à l'AFP un porte-parole du groupe.

Actionnaires et fans

L'annonce de l'OPA intervient alors que le petit actionnariat d'Euro Disney n'a cessé d'être dilué au fil des années. Et aucun dividende n'a été versé, « à part 28 centimes en 1998, et c'est tout », a rappelé vendredi à l'AFP Edith Zemirou, présidente de l'Association des petits porteurs d'Euro Disney (APPAED), qui représente quelque 0,1 % du capital, avec 85 000 actions.

« Je pense que les tout petits actionnaires vont rester tant qu'ils le pourront », a-t-elle avancé. « La plupart d'entre eux sont encore là parce qu'ils sont fans de Disney, c'est plus sentimental que raisonné. »

La proposition de Disney, « c'est tant mieux, dans un sens, pour Euro Disney », a aussi estimé Mme Zemirou. « C'est finalement un bien car ça s'embourbait et la multiplication de petits actionnaires les empêchait d'avancer. »

La société de gestion Ciam, qui via son fonds d'investissement Cima détient moins de 1 % du capital du groupe, a pour sa part indiqué : « À ce stade, nous évaluons nos options ».

Cette société a, à plusieurs reprises, sans succès jusqu'à présent, déposé des recours en justice pour dénoncer des « prélèvements excessifs imposés », selon elle, par la maison mère.