Une éventuelle renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), fustigé par le nouveau président américain Donald Trump, pourrait démarrer début mai, selon les autorités mexicaines.

Le président mexicain Enrique Peña Nieto a indiqué mercredi que son gouvernement allait lancer des consultations avec le secteur privé mexicain, qui s'étaleront sur trois mois, en vue de préparer cette difficile renégociation.

«Le processus de consultation est indispensable pour parvenir à une modernisation de l'ALENA conforme aux intérêts nationaux» a fait valoir le gouvernement mexicain dans un communiqué.

M. Peña Nieto n'a pas précisé quand les négociations allaient débuter, mais son ministre de l'Économie Ildefonso Guajardo a indiqué qu'elles «devraient commencer début mai».

«D'ici là, nous devrions définir les aspects fondamentaux, disons un plan de vol pour avoir des pistes d'atterrissage sûres», a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision Televisa.

L'ALENA, qui regroupe le Mexique, les États-Unis et le Canada depuis 1994, a été remis en cause par le nouveau président des États-Unis qui l'a qualifié durant sa campagne de pire traité commercial signé par un pays, et de «désastre total».

Donald Trump a estimé que l'accord n'avait servi qu'à faire fuir les emplois et les investissements américains vers le Mexique, seul bénéficiaire du traité selon lui.

Le premier pas en vue d'une renégociation pourrait débuter cette semaine aux États-Unis quand l'administration Trump notifiera au Congrès son intention d'amorcer le dialogue, une étape qui a déjà été discutée entre les parties, a indiqué M. Guajardo.

Le Congrès américain a ensuite 90 jours pour étudier la proposition et avertir les partenaires de sa décision, a-t-il ajouté.

Le ministre mexicain de l'Économie a souligné que le processus de négociation «se met en place de manière trilatérale».

Environ 80% des exportations du Mexique sont à destination aux États-Unis et le commerce avec ces deux partenaires a quintuplé depuis l'entrée en vigueur du traité, atteignant jusqu'à 516 000 millions de dollars par an, selon les chiffres officiels.

Les tensions entre les États-Unis et le Mexique se sont exacerbées depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump qui a signé la semaine dernière un décret pour construire un mur à leur frontière qu'il veut faire financer par son voisin du Sud.

Après avoir annulé sa visite à Washington, le président mexicain Enrique Peña Nieto a annoncé lundi qu'aucun accord n'avait été trouvé avec M. Trump, mais que des «espaces» de dialogue avaient été ouverts.

La crise diplomatique entre les États-Unis et le Mexique a déclenché une vague de patriotisme chez les Mexicains. Une campagne de boycottage visant les marques américaines Starsbucks, McDonald's et Coca-Cola a été lancée sur les réseaux sociaux.

Le président Nieto, dont la popularité a chuté à 12% d'opinions positives en janvier, a vanté mercredi cette «unité nationale».

«Le pays vit un moment historique où l'unité nationale se renforce et s'avère être la grande force du Mexique», a-t-il affirmé lors d'un événement destiné à promouvoir les produits «Made in Mexico».

«Nous devons acheter mexicain, non seulement parce que nous sommes (Mexicains), mais parce qu'il s'agit de produits de qualité» a-t-il souligné.

Parallèlement, l'Union européenne et le Mexique ont annoncé mercredi vouloir «accélérer» leurs «discussions commerciales» pour moderniser leur partenariat économique.