La Banque centrale européenne a demandé un plan de sauvetage de 8,8 milliards d'euros pour la banque italienne Monte dei Paschi di Siena (BMPS), essentiellement à coup de fonds publics italiens, contre les 5 milliards prévus initialement.

La BMPS a indiqué dans un communiqué lundi soir avoir été informée de ce nouveau calcul de la BCE via deux lettres envoyées au ministère des Finances et de l'Économie.

Troisième établissement financier du pays, la BMPS est depuis des mois au centre des inquiétudes en raison du poids dans son portefeuille des créances douteuses, des prêts qui ne seront probablement jamais remboursés.

Dans ses deux lettres, la BCE explique avoir réévalué le besoin de refinancement en raison des résultats des tests de résistance de 2016 et de la rapide détérioration des positions de liquidité de la banque depuis le 30 novembre et le 21 décembre, selon la BMPS.

La Monte dei Paschi était arrivée cette année en queue de peloton de 51 banques européennes évaluées sur la base des fameux tests de résistance («stress tests»).

L'augmentation du besoin en capital demandé par la BCE constitue «bien sûr un revers pour BMPS et renchérit considérablement la recapitalisation de la banque», a déclaré à l'AFP Michael Seufert, analyste de la banque Nord/LB, qui l'explique en partie «par le fait que l'action de sauvetage a été trop longtemps repoussée».

Selon le journal économique italien Il Sole 24 Ore, l'État italien devrait investir «quelque 6 milliards d'euros».

Le reste sera obtenu essentiellement grâce à la conversion forcée d'obligations en actions - corollaire obligatoire à l'intervention publique- à 75% de leur valeur nominale pour les investisseurs institutionnels et à 100% pour les 40 000 particuliers, dont l'État a ainsi promis de garantir l'épargne.

«Avec ces chiffres, la banque sera dans les faits nationalisée, étant donné qu'elle se retrouvera aux mains de l'État à un pourcentage supérieur à 67%», a calculé Il Sole 24 Ore.

Le Parlement italien a approuvé la semaine dernière la mise en place d'un fonds de 20 milliards d'euros destiné à voler au secours des banques en difficulté, la BMPS en tête, qui se traduira par un alourdissement de la dette publique.

«Amplement suffisant»

Selon une source au ministère italien de l'Économie citée par des agences italiennes, ce fonds est «amplement suffisant pour faire face à toutes les interventions qui pourraient se révéler nécessaires».

Après l'échec jeudi de la banque à trouver suffisamment d'argent frais sur les marchés, l'exécutif italien avait annoncé la mise en oeuvre d'un plan de sauvetage non chiffré qui verra le Trésor public devenir son principal actionnaire.

À la Bourse de Milan, le titre BMPS, suspendu vendredi, l'était encore mardi matin à la reprise des transactions. Le titre a perdu 87% de sa valeur depuis le début de l'année.

L'Italien Ignazio Angeloni, membre du conseil de surveillance de la BCE, a expliqué au quotidien la Stampa que l'intervention publique, «toujours l'ultime option, sujette à des règles très strictes», s'était révélée «nécessaire» pour la BMPS.

La «Monte», plus vieille banque de la planète, née à Sienne en 1472, s'est développée jusqu'à devenir le troisième établissement financier italien.

Mais elle navigue en eaux troubles depuis des années. Fragilisée par l'acquisition désastreuse en 2007 de la banque Antonveneta, puis par un scandale lié à des malversations, elle a accumulé les pertes (14 milliards entre 2011 et 2015) et a déjà dû mener deux augmentations de capital, d'un total de 8 milliards d'euros, de l'argent déjà parti en fumée.

Elle avait annoncé fin juillet une nouvelle recapitalisation pour 5 milliards d'euros, assortie d'une vaste cession de créances douteuses à hauteur de 27,6 milliards, parallèlement à la suppression de 2600 postes et à la fermeture du quart de ses agences.

D'une manière générale, les banques italiennes inquiètent en raison de l'atomisation du secteur (quelque 700 établissements), de l'importance des créances douteuses (360 milliards d'euros, soit près d'un tiers du total de la zone euro) et de leur capitalisation insuffisante.