Les consommateurs chinois ont fait chauffer la carte bancaire en novembre, les ventes de détail enregistrant leur plus forte hausse de 2016, mais les perspectives de la deuxième économie mondiale restent incertaines pour l'an prochain du fait du tassement du crédit et de l'immobilier.

Les ventes de détail ont grimpé de 10,8% sur un an le mois dernier, en redressement par rapport à octobre (+10%) et septembre (+10,7%), a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS). Un résultat meilleur qu'attendu par les analystes interrogés par l'agence financière Bloomberg, qui tablaient sur une progression de 10,2% seulement.

La hausse de la consommation a pu être aidée le 11 novembre par la «journée des célibataires», une opération de soldes en ligne considérée comme la plus grande du monde. Cette année, le volume des ventes enregistré par les seules plateformes du géant Alibaba ont atteint la somme faramineuse de 120,7 milliards de yuans en 24 heures, très au-delà du score réalisé en 2015.

La production industrielle a quant à elle progressé de 6,2% sur un an en novembre, soit une très légère accélération par rapport à octobre (+6,1%) et aux prédictions des analystes, qui tablaient sur le même chiffre que le mois précédent.

«L'économie a connu un développement sain et régulier en novembre», a résumé le BNS dans un communiqué.

Après les difficultés de début 2016, «l'économie de la Chine finit l'année avec un vent régulier dans les voiles», s'est félicité Frederic Neumann, de la banque HSBC à Hong Kong. «L'industrie se tient bien et les consommateurs chinois continuent à flamber, y compris pour des grosses dépenses comme les voitures», a-t-il déclaré à Bloomberg.

L'investissement orienté à la baisse

«Les statistiques du jour laissent à penser que la reprise économique chinoise reste intacte à l'approche de 2017», a observé Julian Evans-Pritchard, de Capital Economics.

La croissance du PIB chinois est tombée l'an dernier à son plus bas niveau depuis un quart de siècle, à 6,9%. Pékin table pour cette année sur un score compris entre 6,5% et 7%.

«A moyen terme, on peut estimer que la Chine reste un facteur de stabilisation pour l'économie mondiale», a déclaré l'économiste Jian Chang, de la banque Barclays, interrogé sur Bloomberg TV.

D'autres signaux positifs ont été enregistrés la semaine dernière: les importations ont dégagé le mois dernier leur plus forte progression depuis 2014 (+6,7%) et les prix à la production ont signé leur plus fort rebond depuis cinq ans (+3,3%).

Le pays a bénéficié du repli récent de la monnaie nationale, le yuan, qui profite à ses exportations, tandis que la fin de la déflation observée récemment est positive pour les producteurs et incite les consommateurs à retrouver le chemin des commerces.

L'investissement en capital fixe a lui progressé de 8,3% sur les 11 premiers mois de l'année, un rythme stable par rapport à octobre. Mais pour le cabinet Capital Economics, la tendance mensuelle est moins bonne, tombant de 9% sur un an en octobre à 8,3% en novembre.

«Avec le ralentissement de la croissance du crédit et la correction attendue du secteur immobilier, nous prévoyons que la croissance recommence à ralentir l'an prochain», a indiqué M. Evans-Pritchard.

Le contexte extérieur est lourd d'incertitudes pour le géant asiatique, alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane de 45% aux produits chinois après son arrivée à la Maison-Blanche le 20 janvier prochain.

«Nous devons garder à l'esprit que le contexte intérieur comme extérieur reste compliqué par des facteurs instables et incertains», comme le reconnaît Mao Shengyong, l'économiste du BNS.