Le taux de chômage de la zone euro est tombé sous le seuil symbolique des 10%, une nouvelle qui tombe à point dans une Europe en proie au doute, même si son niveau reste supérieur à celui d'avant la crise de 2007-2008.

En octobre, le taux de chômage des 19 pays ayant adopté la monnaie unique est tombé à 9,8%, après 9,9% (chiffre révisé) en septembre, selon des données publiées jeudi par l'Office européen des statistiques, Eurostat.

«C'est un signal encourageant. Il faut maintenant accélérer sur le front des investissements, des politiques budgétaires intelligentes et des réformes qui valorisent le capital humain. La reprise est là: il faut la renforcer et faire en sorte qu'elle bénéficie à tous, pour réduire les inégalités qui se sont creusées ces dernières années», a déclaré à l'AFP le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.

La dernière fois que le taux de chômage dans la zone euro était inférieur à 10% remonte à avril 2011, où il s'était établi à 9,9%. Le 3 novembre dernier, Eurostat avait annoncé un taux de 10% pour septembre, qu'il a révisé jeudi à 9,9%.

Le taux de chômage de 9,8% en octobre est le plus faible enregistré dans la zone euro depuis juillet 2009.

Au pire de la crise de la dette, le chômage avait atteint le taux record de 12,1% en avril, mai et juin 2013.

Depuis, la situation économique s'est lentement améliorée, mais le chômage reste bien plus élevé que le taux moyen d'avant la crise financière de 2007-2008, où il était de 7,5%.

Dans ses prévisions d'automne, parues le 9 novembre dernier, la Commission européenne tablait sur une baisse lente mais continue dans la zone euro: 10,1% en 2016, 9,7% en 2017 et 9,2% en 2018.

«L'amélioration du marché du travail et par ricochet la consommation des ménages est un des points clés pour la croissance de la zone ces prochains mois», a souligné Howard Archer, analyste d'IHS.

«Cependant, l'inquiétude monte en raison d'incertitudes politiques qui pourraient peser sur l'emploi et l'investissement dans cette zone», remarque-t-il, pointant les élections aux Pays-Bas (mars), en France (avril et mai) et en Allemagne (septembre).

En outre, après la décision par référendum des Britanniques de quitter l'UE, le référendum constitutionnel en Italie dimanche est observé avec beaucoup d'attention, car il pourrait servir de tremplin aux populistes vers le pouvoir.

Parmi les 19 États membres de la zone euro, de fortes disparités subsistent: en Allemagne, première économie des 19 ayant choisi la monnaie unique, le taux de chômage s'est établi à 4,1%.

La Grèce et l'Espagne, fortement touchés par la crise, affichent les taux les plus élevés: 23,4% (en août 2016, dernier chiffre disponible) pour la première et 19,2% en octobre pour la seconde.

La France fait un tout petit peu mieux que la moyenne en octobre: 9,7%.

Le gros point noir reste le chômage des moins de 25 ans --à 20,7% en octobre, comme en septembre-- ce qu'avait encore regretté le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dans son discours sur l'état de l'Union en septembre dernier au parlement européen.

«Je n'accepterai jamais que l'Europe soit et reste le continent du chômage des jeunes», avait-il dit, appelant les gouvernements nationaux à des efforts.

Jeudi, la Commissaire européenne pour l'Emploi, Marianne Thyssen, a promis que l'exécutif européen poursuivrait ses efforts «avec la présentation d'un Paquet pour la Jeunesse la semaine prochaine, qui inclura des mesures supplémentaires afin de stimuler l'emploi des jeunes.»

Parmi les pays les plus touchés, là encore, la Grèce: 46,5% en août, et en Espagne: 43,6%.

En France, il est supérieur à la moyenne: 25,8%. En revanche, l'Allemagne, souvent citée comme modèle pour ces formations en alternance, affiche le taux le plus bas de la zone euro: 6,9%.