Londres devrait rester un centre majeur pour les gestionnaires d'actifs malgré le Brexit, grâce à une implantation forte au Luxembourg qui leur évite une réorganisation massive, a expliqué lundi Andrew Formica, patron du gestionnaire d'actifs britannique Henderson Global Investors.

«Londres est un centre important pour l'industrie de la gestion d'actifs» et cette situation «va perdurer», a-t-il affirmé au cours d'un point de presse.

Cela s'explique d'abord par le fait que Londres «est une plate-forme globale, pas uniquement européenne». Mais c'est aussi parce que «beaucoup de gestionnaires d'actifs comme Henderson ont déjà deux familles de fonds», les premiers enregistrés au Royaume-Uni pour les clients britanniques et les deuxièmes basés au Luxembourg pour leur clientèle européenne, a-t-il développé.

«Grâce à cette structure, nous avons toujours la possibilité d'accéder au marché et au passeport européen», observe-t-il. Même si cela peut induire une augmentation des effectifs au Luxembourg qui passera de trois à «une douzaine de personnes», «à l'échelle d'une entreprise de 1.000 personnes, c'est un changement relativement modeste», a-t-il ajouté.

Donc, «d'un point de vue opérationnel, l'impact sera limité», selon lui.

Beaucoup de gestionnaires d'actifs profitent donc de leur implantation dans un pays disposant du passeport financier donnant accès au marché européen, contrairement à «de nombreuses banques, c'est pourquoi je pense que les banques sont dans une situation plus difficile», a-t-il ajouté.

Pour lui, «Londres devrait (donc) être préservé en termes de gestion d'actifs, mais par contre d'autres branches d'activités de services financiers, par exemple les chambres de compensation» pour des actifs en euros «devront partir».

«Le plus grand impact» pour les gestionnaires d'actifs est à chercher du côté du «risque de ralentissement de l'économie globale», sans doute une récession au Royaume-Uni, «couplé à la volatilité des marchés ce qui signifie que les clients sont peu enclins à investir», a anticipé M. Formica.

«Nous avons un grand vide politique» au Royaume-Uni et «même si le référendum est clair, tant qu'il n'est pas acté, ce que cela signifie pour l'Europe n'est pas clair du tout», or «les marchés n'aiment pas l'incertitude», a-t-il estimé.

«Il faut reconnaître que le vote était inattendu», a poursuivi M. Formica. «Il y a un grand vide sur ce qu'il faut faire maintenant et le gouvernement et les régulateurs essaient de s'en sortir et cherchent l'aide de l'industrie».

C'est aussi pourquoi «nous observons un retour vers leurs marchés nationaux» des investisseurs américains, a-t-il noté, et cela devrait durer «tant qu'ils n'y verront pas plus clair».

Il s'est également dit «très inquiet» de l'environnement de taux négatifs.

«Je pense que beaucoup de politiques qui sont mises en place par les banques centrales ont créé une importante distorsion sur le marché», a-t-il observé.

Enfin, «la volatilité et les mouvements» observés après le Brexit «font écho à 2008» mais selon lui, «à l'époque, c'était un problème mondial affectant tous les marchés financiers» or aujourd'hui, le problème est «isolé». Cela concerne certes «l'un des plus grands marchés financiers, mais c'est le Royaume-Uni, en Europe, cela a vraiment peu d'effet aux États-Unis ou en Asie».