La Banque d'Angleterre (BoE) va mettre en place des opérations de prêts aux banques hebdomadaires pour trois mois, et son gouverneur Mark Carney a estimé jeudi que l'institution pourrait assouplir sa politique monétaire dès cet été après la décision des Britanniques de quitter l'UE.

«De mon point de vue, et je ne préjuge pas de l'opinion des autres membres indépendants du CPM (le Comité de politique monétaire de la banque centrale britannique, NDLR), les perspectives économiques se sont détériorées et un certain assouplissement monétaire devrait être nécessaire cet été», a déclaré jeudi Mark Carney.

Son discours a immédiatement entraîné une baisse de la livre et une montée de l'indice vedette de la Bourse de Londres, les investisseurs tablant sur une baisse des taux d'intérêt et de l'attractivité de la livre.

La livre britannique est tombée jeudi à un nouveau plus bas en plus de deux ans face à l'euro, après le discours du gouverneur.

Vers 11h15, la livre est tombée à 83,80 pence pour un euro, dépassant ainsi un précédent plus bas depuis le 25 mars 2014 atteint lundi.

La BoE a réitéré qu'elle s'attendait à ce que le vote en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne modifie considérablement les perspectives pour la croissance et l'inflation britanniques.

Le CPM fera un état des lieux initial de la situation lors de sa prochaine réunion, le 14 juillet prochain, et une étude complète, accompagnée de nouvelles prévisions suivront dans le rapport trimestriel de l'institution sur l'inflation et la croissance en août.

Le CPM abordera également en août l'éventail des instruments disponibles.

«L'incertitude sur le rythme, la profondeur et l'échelle des changements (découlant d'une sortie de l'UE) pourrait peser sur nos perspectives économiques pendant un certain temps», a prévenu le gouverneur, dans sa deuxième allocution télévisée depuis la décision des Britanniques de quitter l'UE.

«Toute cette incertitude a contribué à créer une sorte de «syndrome de stress post-traumatique» dans les foyers et les entreprises ainsi que sur les marchés financiers, c'est-à-dire une sensibilité exacerbée» aux risques et une prudence accrue sur l'avenir, a observé M. Carney.

La Banque centrale a réitéré qu'elle se tenait prête à injecter 250 milliards de livres de fonds additionnels à travers ses outils monétaires existants.

De plus, le gouverneur de la banque centrale britannique a annoncé qu'elle offrirait chaque semaine une opération supplémentaire de prêts jusqu'à fin septembre, en plus de ses opérations mensuelles et après les trois effectuées autour de la date du référendum.

Mardi, la troisième opération supplémentaire de prise en pension pour six mois («Indexed Long-Term Repo» ou ITLR) aux banques, sociétés de crédit foncier et maisons de courtage, avait attiré 6,33 milliards de livres de demande pour une allocation finale de 3,07 milliards de livres de liquidités.

En mars 2009, alors que l'économie britannique était en profonde récession suite à la crise financière de 2007-2008, la BoE avait abaissé son taux directeur au niveau historiquement bas de 0,50% et lancé un programme de rachats d'actifs. Ce taux directeur n'a pas bougé depuis.