Effectifs renforcés dans les salles de marché, assistance téléphonique nocturne, hôtel réservé à deux pas du bureau: c'est la mobilisation générale à la City de Londres qui se prépare à une nuit blanche lorsque tomberont les résultats du référendum.

La perspective du vote sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'UE a entraîné déjà des mouvements de yoyo sur les marchés. Mais les courtiers s'attendent à ce que le navire tangue encore davantage jeudi et surtout dans la nuit de jeudi à vendredi, au cours de laquelle les résultats sont attendus, même si les tous derniers sondages font apparaître un nouvel élan pour les partisans du maintien dans l'UE.

«Si on retient quelque chose des dernières élections, c'est bien que les sondages ne sont pas parole d'Évangile et que tout pourrait se retourner encore dans les jours à venir, entraînant davantage de volatilité», prévient Joe Rundle, courtier chez ETX Capital.

Un départ du Royaume-Uni de l'UE (Brexit) entraînerait une chute de la livre face aux principales devises et probablement une forte baisse sur les marchés boursiers, non seulement à Londres, mais aussi sur les autres places financières européennes et mondiales, d'après la plupart des experts.

L'ensemble du monde londonien de la finance - et il est nombreux - se prépare donc à une très longue nuit, des petites maisons de courtage aux bureaux exigus de la City en passant par les grandes banques internationales dont les gratte-ciels dominent le quartier d'affaires moderne de Canary Wharf.

La firme Spreadex prévoit ainsi de doubler ses effectifs pendant la nuit de jeudi à vendredi: «Si le Royaume-Uni décide de quitter l'UE, les conséquences sont claires: Spreadex aura besoin de toutes ses forces aux claviers pour éponger le bain de sang. Si le pays décide de rester dans l'UE, il y aura un afflux de courtiers sur les marchés - y compris ceux qui n'ont pas parié sur le résultat -, donc on sera très occupé aussi», explique à l'AFP l'analyste Connor Campbell.

Impossible d'anticiper ?

Thermos de café, vitamines et stimulants divers, tout sera bon pour rester éveillé ou émerger avant l'aube frais et dispo, lorsque les courbes en temps réels risquent de prendre des allures de montagnes russes. Certains prévoient tout simplement de camper à proximité de leur bureau pour parer à toute éventualité.

«J'habite à Cambridge où les trains ne vont plus après minuit et je dois être au bureau super tôt vendredi. Du coup je vais rester à l'hôtel à côté du bureau où j'irai de temps en temps pendant la nuit en fonction de ce qui se passe», prévoit Alan Clarke, stratégiste de la banque canadienne Scotiabank en Europe.

Comme nombre de ses confrères, il hésite entre travailler toute la nuit, qui sera sans doute en proie à toutes les rumeurs, ou garder des forces pour le lendemain, lorsque les résultats seront connus.

HSBC, Barclays, Standard Chartered ou encore BNY Mellon: plusieurs grandes banques britanniques et américaine ont confirmé qu'elles mobilisaient des forces supplémentaires pour être au rendez-vous - et conseiller leurs clients attirés par les gains possibles ou effrayés par les pertes incommensurables engendrées par cet événement potentiellement historique.

Adam Jepsen a une autre solution: s'abstenir de conduire des opérations financières autour du référendum. Dix ans après avoir fondé sa firme, Financials Spreads, il juge que la volatilité du marché sera tout simplement trop forte pour construire une tactique permettant de tirer des bénéfices d'un éventuel Brexit.

«Regardez l'Euro 2016, commencez un nouveau passe-temps, apprenez à jouer à Minecraft, allez faire ces courses que vous devez faire depuis deux mois ou finissez votre bricolage», conseille-t-il aux investisseurs. «Il y aura plein d'opportunités après l'annonce des résultats et une fois que les marchés auront eu le temps de se calmer».