Les banques centrales d'Europe, des États-Unis et du Japon discutent d'injections concertées de liquidités en cas de Brexit, affirme vendredi le quotidien économique nippon Nikkei, en vertu d'un mécanisme institutionnalisé en 2013 mais jamais mis en oeuvre à ce jour.

Ne citant pas de sources, le journal explique que la BCE, la Fed et la BoJ pourraient activer un mécanisme d'urgence pour approvisionner le marché en dollars afin d'éviter un assèchement en cas de plongeon de la livre, si les citoyens britanniques décidaient de la sortie de leur pays de l'Union européenne lors du référendum du 23 juin.

Le risque d'un Brexit enfle en raison de sondages qui vont en ce sens et les autorités craignent des remous considérables sur les marchés.

De ce fait, « une accessibilité facilitée aux dollars offrirait un filet de sécurité pour contenir cette incertitude si le pire devait arriver », dit le Nikkei.

Cet accès est garanti en vertu d'un accord signée en octobre 2013 entre les banques centrales du Canada, d'Angleterre, du Japon, la BCE, la Banque nationale suisse et la Fed américaine. Elles se sont engagées à se fournir mutuellement des liquidités dans leur devise respective en cas de turbulences financières.

Concrètement, cet accord permet aux institutions monétaires de fournir des liquidités libellées dans une autre devise que la leur aux banques présentes sur leur territoire, pour contrer une crise de confiance au sein du secteur et un assèchement du crédit sur le marché interbancaire.

« Il existe un mécanisme de swap entre plusieurs banques centrales, dont celle du Japon, et dans ce cadre, nous procurons chaque semaine des liquidités en dollars au marché », a déclaré à l'AFP un porte-parole de la Banque du Japon (BoJ). La BoJ examine la possibilité de multiplier ce type d'opérations « sur plusieurs jours consécutifs », selon le Nikkei.

« La BoJ est en contact étroit avec les autres banques centrales, nous ne pouvons pas en dire plus », a-t-il ajouté à propos des conséquences sur les marchés d'un éventuel Brexit.

Interrogée par l'AFP, la BCE n'a souhaité faire aucun commentaire à ce sujet.

Selon le Nikkei, en cas de Brexit, les dirigeants du Groupe des sept pays les plus riches (G7) pourraient émettre une déclaration, en parallèle de l'injection d'urgence de liquidités.

La présidente de la Fed, Janet Yellen, a déclaré mercredi qu'un Brexit affecterait l'économie mondiale et les conditions financières dans le monde entier.

Elle n'a pas mentionné précisément la réponse prévue par la Fed le cas échéant, mais « une source de la banque centrale dit qu'elle envisage de fournir des dollars aux marchés européens », écrit encore le Nikkei.

Les banques centrales ont déjà dû réagir en 2008, suite à la faillite de Lehman Brothers et la crise financière qui s'en est ensuivie, à une pénurie de dollars sur les systèmes financiers internationaux. Les mécanismes mis en place à l'époque ont été élargis et institutionnalisés dans le sillage de la crise européenne de la dette.