Le gouvernement saoudien a détaillé mardi son plan d'action pour transformer l'économie du royaume, trop dépendante du pétrole, avec comme objectif de créer 450 000 emplois dans le secteur privé d'ici 2020.

Le Programme de transformation nationale (PTN) 2020 est l'une des déclinaisons de «Vision 2030», un vaste chantier présenté en avril par le puissant vice-prince héritier Mohammed ben Salmane, fils du monarque saoudien qui mène les réformes dans cette riche pétromonarchie du Golfe.

Dans le cadre du PTN, 543 initiatives incombant à 24 entités gouvernementales seront lancées pour un coût de 270 milliards de riyals (92 milliards de dollars CAD) au cours des cinq prochaines années, a déclaré le secrétaire d'État Mohammed al-Sheikh lors d'une conférence de presse à Jeddah.

Le programme prévoit de réduire la part des salaires de la fonction publique dans le budget à 40% en 2020 contre 45% actuellement, selon les responsables.

Le gouvernement compte améliorer la compétitivité du secteur de l'énergie, doubler la production de gaz naturel et augmenter les exportations de produits non pétroliers, a affirmé le ministre de l'Énergie, de l'Industrie et des Ressources minières, Khaled al-Faleh.

Selon lui, les exportations de produits non pétroliers devraient passer d'ici 2030 de 185 milliards à 300 milliards de riyals (63 à 102 milliards de dollars CAD).

Parmi ses objectifs, l'ambitieux chantier «Vision 2030» vise à réduire le chômage, augmenter la participation des femmes à la vie active, stimuler les contributions économiques du secteur privé et développer des activités culturelles et de divertissement.

«Vision 2030» prévoit aussi la cession de moins de 5% du géant pétrolier public Saudi Aramco. L'argent généré par cette vente sera intégré dans un fonds d'investissement doté de 2000 milliards de dollars US (2560 milliards CAD), le plus grand au monde.

Les bénéfices tirés de ce fonds aideront à trouver une alternative aux recettes pétrolières qui ont baissé de moitié depuis 2014, sous l'effet de la chute des prix du brut.

En raison de l'effondrement des cours du pétrole, l'Arabie saoudite, qui dépend à 73% des recettes pétrolières, a enregistré en 2015 un déficit budgétaire record de 86,2 milliards d'euros (125 milliards CAD) et projette un déficit de 76,6 milliards d'euros (111 milliards CAD) cette année.

«C'est la première phase pour relever les défis», a commenté M. Sheikh.

Selon lui, le PTN n'aura pas d'«impact substantiel sur les finances» de l'État, étant donné que certaines dépenses ont déjà été réduites.

Il n'y aura pas non plus d'impôt sur le revenu, a-t-il assuré.

Transparence

Le ministre de l'Énergie a déclaré que son pays serait à l'avenir un «grand compétiteur dans le secteur des énergies renouvelables», qu'il lancerait des projets «massifs» pour produire plus de gaz et qu'il s'emploierait à augmenter les exportations non pétrolières.

La capacité de production de pétrole restera inchangée à 12,5 millions de barils par jour d'ici 2020, selon le PTN.

Le programme prévoit un complexe international de construction navale, qui créera 80 000 emplois et réduira de 10,6 milliards d'euros par an les importations.

Des parcs industriels devraient également être créés avec 150 000 emplois à la clé, a indiqué M. Faleh qui a remplacé le mois dernier l'ancien ministre du Pétrole, Ali al-Nouaïmi Parmi les autres projets figurent le développement du tourisme sur les îles Farasan, en mer Rouge, la création d'espaces permettant aux femmes de pratiquer des activités sportives et la privatisation de la poste.

L'Arabie saoudite est l'un des pays les plus conservateurs au monde et les jeunes de moins de 25 ans représentent plus de la moitié de la population.

Les partis politiques n'y sont pas autorisés et les défenseurs des droits de l'Homme sont souvent emprisonnés, mais les Saoudiens se servent largement des réseaux sociaux pour commenter la vie publique.

Les autorités se sont engagées à communiquer sur le degré d'application du plan.

Dans un exercice de transparence, les ministres participant à la conférence de presse ont répondu pendant plus de trois heures aux questions des journalistes, en pleine nuit après la rupture du jeûne en ce début de ramadan.

Principaux points du Programme de transformation nationale

L'Arabie saoudite a dévoilé mardi son Programme de transformation nationale (PTN) d'ici l'an 2020, un plan d'action destiné à réduire sa dépendance au pétrole après la chute des prix du brut des dernières années.

Le PTN prévoit notamment de créer 450 000 emplois, d'accélérer la privatisation et de réduire nettement la masse salariale dans la fonction publique.

Voici les principaux points du PTN, un document de 112 pages, et les objectifs fixés pour l'an 2020 dans divers secteurs:

- créer 450 000 emplois dans les secteurs non publics.

- réduire la part de la masse salariale de la fonction publique dans le budget à 40%, contre 45% actuellement.

- entreprendre plus de 500 initiatives d'un coût total de 270 milliards de riyals (92 milliards de dollars CAD), dont 40% incombe au secteur privé.

- augmenter les revenus non pétroliers à 530 milliards de riyals (181 milliards CAD), contre 163,5 milliards de riyals (56 milliards CAD).

- augmenter les avoirs publics de 3000 milliards de riyals (1024 milliards CAD) à 5000 milliards de riyals (1707 milliards CAD), soit une hausse de 67%.

- maintenir la capacité de production de brut à 12,5 millions de barils par jour (mbj) et relever la production de gaz de 11 milliards de pieds cubes par jour à 17,8 milliards de pieds cubes.

- augmenter le nombre des pèlerins de 1,5 million à 2,5 millions et celui des fidèles effectuant la Omra, ou petit pèlerinage, à 15 millions, contre 7 millions actuellement.

- se doter d'un complexe international de construction navale, qui créera 80 000 emplois et réduira de 10,6 milliards d'euros par an les importations.

- réduire encore les subventions, une mesure qui, dans les secteurs de l'eau et de l'électricité, devra permettre d'économiser 200 milliards de riyals (47 milliards d'euros).

- la dette publique devrait représenter 30% du PIB, contre 7,7% actuellement.

- augmenter la valeur des exportations non pétrolières de 185 milliards de riyals (63 milliards CAD) à 330 milliards de riyals (113 milliards CAD).

- réduire le taux du chômage des Saoudiens de 11,6% à 9%.

- relever de 23% à 28% la part des femmes dans le marché de l'emploi.

- augmenter les investissements dans le secteur du tourisme de 145 milliards de riyals (50 milliards CAD) à 171,5 milliards de riyals (59 milliards CAD).

- augmenter les investissements étrangers directs de 30 milliards de riyals (10 milliards CAD) à 70 milliards de riyals (24 milliards CAD).