Le Fonds monétaire international a tenté jeudi de rectifier le tir après la publication d'un article de trois de ses experts assurant que les méfaits économiques de l'austérité avaient été «sous-estimés».

«Cet article a été interprété de manière totalement erronée», a déclaré le chef économiste du FMI Maurice Obstfeld dans un entretien, ajoutant qu'il ne marquait «aucun changement majeur dans l'approche du Fonds».

Dans un récent article publié dans la revue interne du FMI, les trois experts jugeaient que les bienfaits du néolibéralisme économique avaient été «exagérés» et que les coûts de l'austérité budgétaire dépassaient parfois ses bénéfices supposés.

Venant d'une institution gardienne d'une stricte orthodoxie budgétaire, cet article a fait sensation et a été notamment brocardé par le quotidien des affaires britannique, le Financial Times.

«Personne ne veut d'une austérité qui ne se justifie pas», a certes reconnu M. Obstfeld dans cet entretien publié par le Fonds.

Mais, a-t-il ajouté, «les pays doivent simplement vivre avec leurs moyens sur le long terme, sans quoi ils seront confrontés à une forme de défaut sur leur dette, ce qui est traditionnellement très coûteux pour les citoyens, spécialement les plus pauvres».

«C'est un fait, pas une position idéologique», a-t-il asséné.

Accusé d'avoir imposé l'austérité en Grèce en échange de ses prêts, le FMI a ces dernières années esquissé un léger mea culpa en admettant avoir sous-estimé l'impact négatif de ses recommandations sur l'activité économique.

«Il y a des limites aux souffrances qu'une économie doit et peut endurer», a admis le chef économiste du FMI.

«En conséquence, dans les cas particulièrement difficiles, nous recommandons un rééchelonnement de la dette ou une réduction de la dette, et les créanciers doivent supporter une partie du coût de cet ajustement», a-t-il détaillé, ajoutant que c'était «l'approche» actuelle du FMI sur la Grèce.

Le Fonds exhorte les Européens à réduire drastiquement le fardeau de la dette grecque en étendant les maturités et en gelant tout remboursement pendant des décennies.