Les grands argentiers du G7, réunis au Japon, ont décidé de muscler leur offensive contre le financement du terrorisme, via un plan d'action qui sera entériné lors du sommet des chefs d'État et de gouvernement la semaine prochaine.

Les débats ont aussi été occupés par le brûlant sujet du Brexit, « un choc » qui fragiliserait une croissance déjà poussive, tandis que le Japon, qui avait récemment ravivé le spectre d'une « guerre des monnaies », était rappelé à l'ordre.

Dans un document final, les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des sept pays les plus industrialisés ont réaffirmé leur « engagement à contrer le financement du terrorisme, qui fournit aux terroristes les moyens de commettre leurs attaques, d'alimenter leurs réseaux et de diffuser leur idéologie via la propagande ».

« Nous sommes maintenant dans une phase opérationnelle. Nous allons déposer des outils efficaces, c'est absolument nécessaire », a déclaré le ministre français des Finances, Michel Sapin, dans un entretien à l'AFP.

La mise en oeuvre sera « rapide », a-t-il assuré, dans la foulée du sommet organisé les 26-27 mai à Ise-Shima (centre), alors que la communauté internationale a intensifié son combat dans ce domaine depuis les attentats de Paris de janvier 2015 puis du 13 novembre.

Tout d'abord, « bien échanger entre les organismes de renseignement dans le domaine financier de manière à ce que ce qui se passe dans un pays soit connu du pays d'à côté. Tout particulièrement pour lutter contre les grands mouvements de financement, par exemple du groupe État islamique en Syrie ou en Irak », a expliqué le ministre.

Il faut aussi « lutter contre l'anonymat: des cartes prépayées mais anonymes, des mouvements d'argent qui permettent anonymement de financer. Il faut des traces », a-t-il ajouté.

Autres actions promises: mieux collaborer dans la mise en oeuvre des sanctions financières, comme le gel de comptes bancaires, et renforcer le Gafi, le Groupe d'action financière sur le blanchiment des capitaux.

« Reprise inégale »

Sujet incontournable, le ralentissement économique mondial était dans tous les esprits. « Si l'économie américaine continue de se renforcer, la reprise reste inégale sur le globe et les risques se sont accentués depuis l'an dernier », a relevé le secrétaire au Trésor américain Jacob Lew.

« La croissance a repris, mais pas encore suffisamment et pas avec la certitude que ce soit durable », a confirmé son homologue français.

Aucune réponse coordonnée n'a cependant été apportée, le G7 se bornant à plaider pour l'utilisation « équilibrée » de tous les outils monétaires, budgétaires et structurels, tout en appelant à « ne pas cibler les taux de change » et à « éviter les dévaluations compétitives ».

Ce sujet a donné lieu à une passe d'armes feutrée entre les États-Unis et le Japon, qui avait récemment menacé d'intervenir pour freiner la hausse du yen.

Le gardien des deniers japonais, Taro Aso, a de nouveau évoqué samedi des mouvements « abrupts, biaisés et spéculatifs » ces derniers temps. Mais selon Washington, le renforcement du yen, même s'il porte un coup aux exportateurs japonais, ne justifie aucunement une intervention sur le marché. « La barre est placée plus haut », a jugé M. Lew.

De son côté, M. Sapin a calmé le jeu en estimant qu'il ne « pouvait pas y avoir » et qu'« il n'y aurait pas » de guerre des monnaies, perspective d'ailleurs « très peu » abordée dans les discussions communes.

Enfin, à l'approche du référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, prévu le 23 juin, tous ont parlé d'une même voix pour souligner le danger d'un tel scénario.

À l'heure où « les incertitudes » sont nombreuses, avec les conflits géopolitiques, le terrorisme, l'afflux de réfugiés, « le choc d'une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne complique l'environnement économique mondial », ont insisté les grands argentiers du G7.

Au cours de cette rencontre dans la région de Sendai (nord-est), les avertissements se sont multipliés, de la part du Britannique George Osborne, du Français Michel Sapin ou encore de l'Allemand Wolfgang Schäuble.

Appuyé par les grandes institutions multilatérales (FMI, OCDE), le camp des partisans du maintien de Londres dans l'UE a fait assaut de déclarations alarmistes sur l'impact économique ravageur que pourrait avoir un départ, ce qui enrage les partisans du Brexit (pour « British exit », ou sortie britannique) selon lesquels le Royaume-Uni serait plus prospère sans l'entrave bureaucratique bruxelloise.

Nul doute que Japon, États-Unis, France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie et Canada renouvelleront à l'occasion du sommet la semaine prochaine leur mise en garde.