La corruption engloutit chaque année 2% de la richesse mondiale et nuit au partage équitable de la croissance économique, selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI) paru mercredi.

«La corruption est un phénomène extraordinairement complexe qui a tendance à résister au temps», indique ce rapport publié à la veille d'un sommet anti-corruption à Londres en présence d'une quarantaine de chefs d'États et de gouvernements.

À eux seuls, les pots-de-vin versés chaque année sur le globe totalisent entre 1500 à 2000 milliards de dollars, soit pas loin du produit intérieur brut (PIB) français, même s'ils ne représentent qu'une partie du problème, indique le rapport.

«Le coût général économique et social de la corruption sont sans doute encore plus élevés», ajoutent les auteurs.

La culture de la corruption encourage l'évasion fiscale et peut même, quand elle est généralisée, mener à des «violences, à des troubles civils avec des implications sociales et économiques dévastatrices», affirme le rapport.

À un niveau purement économique, elle peut freiner l'investissement public et privé et mine la stabilité macroéconomique. «La corruption peut gravement saper le potentiel d'une croissance partagée par tous», assure le FMI.

Pays riches et en développement sont concernés mais ce sont les populations les plus défavorisées qui en sont les premières victimes.

«Les pauvres sont affectés de manière disproportionnée parce qu'ils dépendent davantage de services publics rendus plus coûteux par la corruption», affirme la directrice générale du FMI Christine Lagarde dans une déclaration écrite également publiée mercredi.

Selon le FMI, une stratégie de lutte contre la corruption ne peut être efficace que «si elle parvient à convaincre les principaux acteurs que les règles du jeu ont réellement changé».

Selon Mme Lagarde, l'arsenal législatif ne suffit pas. «Sans des autorités efficaces - police et services d'enquête, procureurs et, au final, les tribunaux - même le plus robuste arsenal légal sera inopérant,» assure-t-elle.

La dirigeante reconnaît par ailleurs qu'aborder la question de la corruption est «délicat» pour le FMI dont certains États membres sont rongés par ce fléau. «En même temps, l'alternative -ignorer totalement le problème- n'est pas viable», ajoute-t-elle.

Le FMI a récemment suspendu ses prêts en Ukraine, au Malawi et au Mali en raison de soupçons de corruption.