La Banque populaire de Chine (PBOC) a fortement abaissé mercredi le niveau de référence du yuan face au dollar américain, la plus forte baisse journalière depuis la spectaculaire dévaluation d'août 2015.

La PBOC a fixé à 6,4943 yuans pour un dollar, ce qui représente une dépréciation de presque 0,60% par rapport à mardi, le taux pivot autour duquel le renminbi (autre nom de la monnaie chinoise) est autorisé à fluctuer face au billet vert, dans une marge de 2% de part et d'autre.

C'est son plus fort abaissement journalier depuis l'été dernier: en août, la Chine avait ébranlé les places financières mondiales en dévaluant brutalement le yuan d'environ 5% face au dollar -- une décision perçue comme un coup de pouce à ses exportateurs, bien que Pékin s'en soit farouchement défendu.

Même si la Chine continue d'encadrer la convertibilité de sa devise, le renminbi avait ensuite subi, depuis la fin 2015, une intense pression baissière, sur fond d'inquiétudes sur l'économie du pays et de massives fuites de capitaux.

La baisse de mercredi reflète en partie le récent rebond du dollar sur les marchés mondiaux, les inquiétudes sur la santé de l'économie mondiale alimentant le repli des marchés boursiers et renforçant l'attrait des valeurs refuges --dont la monnaie américaine--.

«Le renminbi a donc été affaibli en conséquence (...) pour maintenir stable le marché des changes» et le niveau du yuan face au panier des devises de référence adopté par Pékin, a indiqué à l'AFP Liu Xuezhi, analyste de Bank of Communications.

Cette décision illustre également la volonté affichée par Pékin de laisser fluctuer plus librement sa devise, à la hausse comme à la baisse, selon la demande des investisseurs.

La PBOC avait exacerbé début janvier la défiance générale en abaissant le taux pivot du renminbi durant huit séances consécutives, ce qui laissait redouter une dévaluation rampante.

Mais le yuan avait par la suite repris des couleurs, profitant d'un accès de faiblesse du billet vert, au gré des incertitudes sur la politique de taux de la banque centrale américaine (Fed).

À tel point que la PBOC avait même relevé fin avril le taux pivot du yuan de 0,56%, la plus forte hausse journalière en presque 11 ans.

«La Chine souhaite que le marché continue de s'interroger sur la façon dont elle fixe son taux pivot (du yuan)», commentait pour l'AFP Mitul Kotecha, expert du marché des changes pour Barclays en Asie.

«Il reste assez difficile d'anticiper au jour le jour» ce que va décider Pékin, ce qui contribue à enrayer les mouvements spéculatifs autour du yuan, a-t-il ajouté. Or, limiter la spéculation sur sa devise est un objectif ostensible du régime communiste.

Mercredi en fin de journée, vers 4h30 (heure de Montréal), le renminbi s'établissait à tout juste 6,50 yuans pour un dollar dans les échanges en Chine, reculant de 0,40% par rapport au niveau de la clôture de la veille (6,4743 yuans).