Investissez à Cuba avant le débarquement massif des Américains! C'est en gros le message qu'a lancé hier l'ambassadeur cubain au Canada, Julio Garmendia Pena, aux entreprises canadiennes qui songent à brasser des affaires dans son pays.

«Il y a une "fenêtre" pour les investisseurs canadiens, dont je leur suggère de profiter, a-t-il dit pendant un discours. Le blocus (américain), plus tôt que tard, sera relégué aux oubliettes. Quand cela se produira, nous aimerions voir plusieurs investisseurs canadiens déjà sur place, ou en train de se préparer à faire des affaires à Cuba.»

L'ambassadeur, qui était l'invité du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), espère voir «beaucoup plus» de sociétés canadiennes explorer les occasions d'affaires à Cuba. La petite île des Caraïbes cherche à stimuler les investissements dans le tourisme, les biotechnologies, les énergies vertes, les mines et l'agriculture, entre autres secteurs.

Visite d'Obama

La visite de Barack Obama à Cuba la semaine dernière - la première d'un président américain en exercice depuis 88 ans - a marqué un tournant dans le dégel des relations diplomatiques entre Washington et La Havane.

Même s'il est impossible de prédire à quel moment l'embargo américain sera levé, et même si le processus de «normalisation» est loin d'être terminé, l'ambassadeur Pena estime que le processus de rapprochement amorcé entre les deux pays est irréversible. Une raison de plus pour inciter les sociétés canadiennes à explorer le marché cubain au plus vite, selon lui.

Il reste que plusieurs entreprises de Canada inc. affichent toujours des réticences à s'implanter à Cuba en raison de l'embargo, reconnaît Julio Garmendia Pena. Les sociétés étrangères qui investissent dans le pays socialiste risquent encore aujourd'hui de se voir interdire l'accès au marché américain en vertu de la loi Helms-Burton.

«Plusieurs [sociétés canadiennes] ont des intérêts importants avec des entreprises américaines ou aux États-Unis, et elles pourraient être touchées sérieusement si elles investissaient à Cuba maintenant. En même temps, le blocus est appelé à disparaître, et il y a une "fenêtre" pendant laquelle les entreprises canadiennes peuvent venir et explorer.»

M. Pena ajoute que plusieurs entreprises canadiennes - comme la société minière Sherritt - parviennent à brasser des affaires importantes à Cuba sans se faire embêter. «Il y a des moyens de contourner l'embargo; je ne les nommerai pas.»

Julio Garmendia Pena confirme que l'intérêt des entreprises canadiennes pour Cuba a fortement augmenté au cours de la dernière année, une hausse impossible à quantifier pour le moment. Selon lui, les sociétés d'ici profitent d'un avantage «moral» au moment d'investir dans l'île, en raison de la relation interrompue entre les deux pays depuis plus de 70 ans.

L'effet Trudeau

L'ambassadeur s'est par ailleurs réjoui de l'élection récente d'un gouvernement libéral à Ottawa. Il a rappelé les liens étroits qui unissaient l'ancien leader cubain Fidel Castro et l'ex-premier ministre Pierre Elliott Trudeau, une complicité qu'il espère voir se refléter dans les relations avec Justin Trudeau.

Le Canada est le quatrième partenaire commercial en importance de Cuba, et fournit le plus important contingent de touristes au pays, soit 1,3 million sur un total annuel de 3 millions.