Le produit intérieur brut (PIB) du Japon a augmenté de 0,3% au troisième trimestre par rapport au précédent, ce qui permet à l'économie nippone d'échapper à un nouvel épisode de récession que dessinaient pourtant les chiffres préliminaires annoncés mi-novembre (-0,2%).

Les analystes interrogés par l'agence Bloomberg tablaient certes sur une révision positive, mais de moindre ampleur.

En rythme annuel, la progression du PIB a été de 1% au troisième trimestre, alors qu'une baisse de 0,8% était auparavant calculée.

Ce retournement s'explique par la prise en compte de données plus complètes qui ont abouti à constater une hausse de 0,6% des investissements non résidentiels des entreprises alors qu'une baisse de 1,3% était initialement pressentie.

De plus, la contribution négative due à l'écoulement des stocks a été moins forte qu'estimé précédemment (-0,2 point contre -0,5) et les investissements résidentiels un peu plus importants.

La contribution positive du commerce extérieur a pour sa part été maintenue à 0,1 point.

À l'inverse, la progression de la consommation des ménages, qui compte pour 60% du PIB, a été révisée à un niveau légèrement inférieur (0,4% au lieu de 0,5%).

Le ministre de la Revitalisation économique, Akira Amari, avait affiché un relatif optimisme lors de l'annonce des chiffres préliminaires, jugeant l'économie «sur la voie d'une reprise modérée» malgré «quelques faiblesses», et la banque centrale du Japon (BoJ) avait choisi peu après le statu quo, considérant que les dispositions monétaires en vigueur étaient adaptées à la situation et qu'un nouvel assouplissement ne s'imposait pas.

«La BoJ va probablement laisser sa politique en l'état en janvier» également, «à moins d'une grande déception à l'annonce la semaine prochaine des résultats de l'enquête Tankan» du moral des entrepreneurs, a estimé mardi Marcel Thieliant de Capital Economics.

«L'économie devrait continuer de s'améliorer durant le trimestre en cours», juge-t-il encore à l'aune des données de production industrielle.

Le cas échéant, ce serait un élément d'autosatisfecit pour le premier ministre Shinzo Abe, qui fêtera à la fin du mois les trois ans de son retour au pouvoir, une durée devenue exceptionnelle au Japon, qui a connu sept changements de chef de gouvernement entre 2006 et 2012.

M. Abe a en effet besoin d'arguments convaincants pour justifier le bien-fondé de sa politique de relance «abenomics», pour le moment restée au milieu du gué tandis qu'il a un temps privilégié la politique de Défense au détriment de l'économie.

En 2014, le Japon avait déploré un petit repli de son PIB du fait des conséquence d'une augmentation de l'équivalent de la TVA, mal digérée par les consommateurs.

La perspective d'élections sénatoriales en 2016 et d'une nouvelle hausse de la taxe sur la consommation en avril 2017 (après le fiasco de la première en 2014) est censée remettre les dispositions économiques au coeur des projets du premier ministre conservateur, qui avait initialement fait de la fin de la déflation la priorité de son action.

Pour le moment cependant, la spirale pernicieuse de baisse des prix n'est pas stoppée, même si elle est désormais surtout entraînée par la chute des prix du pétrole.

La BoJ insiste de son côté sur le fait que le climat général s'améliore du fait notamment d'un chômage au plus bas depuis 20 ans (3,1% de la population active en octobre) et d'une augmentation des émoluments dans une partie des secteurs et entreprises.

La fédération patronale Keidanren a encore récemment plaidé pour une hausse des rétributions, ce que les petits employeurs jugent cependant parfois encore difficile.

Reste que tous les analystes s'accordent pour dire que la tâche la plus délicate concerne la mise en oeuvre concrète de réformes structurelles (travail des femmes, secteur agricole, etc.) délicates mais seules à même de garantir une consolidation durable de l'économie de l'archipel peu enclin à l'accueil d'immigrés en dépit de son déclin démographique.