Le titre de Guotai Junan International, l'entité hongkongaise d'une importante maison de courtage chinoise, s'est effondré lundi en Bourse, après l'annonce qu'un de ses dirigeants avait disparu, et ce alors que Pékin mène une campagne anticorruption visant désormais le secteur financier.

«Notre entreprise a été incapable de joindre Dr. Yim Fung, président du conseil d'administration (...) depuis le 18 novembre», a indiqué dans un communiqué Guotai Junan International, filiale de Guotai Junan Securities à Hong Kong.

«Présentement, M. Yim ne peut pas exercer ses fonctions», notait ce communiqué, ajoutant que la firme avait nommé le directeur exécutif Qi Haiying pour le remplacer temporairement.

Suite à cette annonce, le cours de Guotai Junan International a plongé lundi sur la place hongkongaise, perdant plus de 15% en cours de séance et clôturant sur une chute vertigineuse de 12,3%, à 2,85 dollars de Hong Kong.

En l'absence de plus amples détails, les circonstances de sa disparition restaient mystérieuses. Mais celle-ci intervient néanmoins alors que Pékin multiplie les enquêtes sur le secteur financier chinois, déjà sous pression à la suite de la spectaculaire débâcle des Bourses locales cet été.

Après s'être envolée de 150% en l'espace d'un an, dopée par un endettement massif des investisseurs, la place shanghaïenne avait dégringolé de près de 40% en quelques semaines. Le gouvernement avait alors adopté d'importantes mesures de soutien, réalisant --via des organismes publics et les maisons de courtage-- des achats massifs d'actions sur les marchés.

Et la Commission de régulation des marchés financiers (CSRC) avait joué un rôle de premier plan, notamment en lançant procédures et enquêtes sur des «ventes à découvert criminelles», qui, d'après le gouvernement, étaient partiellement à l'origine du chaos.

Mais les organes de régulation sont désormais dans le collimateur des autorités anticorruption, tout comme les principales institutions financières du pays.

Les médias d'État avaient annoncé mi-novembre l'ouverture d'une enquête à l'encontre de Yao Gang, vice-président de la CSRC, pour «plusieurs infractions disciplinaires», une formule couramment employée pour qualifier des faits de corruption.

Or, M. Yao avait précédemment été, entre 1999 et 2002, le directeur général de Guotai Junan Securities, relevait l'agence Bloomberg.