L'homme le plus riche de Chine a confirmé que le beau-frère du président Xi Jinping avait détenu, puis vendu, des actions dans son entreprise, dans un communiqué diffusé vendredi.

M. Wang Jianlin, président-fondateur du géant Dalian Wanda, spécialisé dans l'immobilier et le divertissement, fait régulièrement l'objet d'allégations sur ses liens supposés avec le pouvoir chinois.

Ces liens, selon ses détracteurs, auraient favorisé les bons résultats de son groupe ainsi que la croissance de sa fortune, estimée par Forbes à 30 milliards de dollars (27 milliards d'euros).

«Le beau-frère du président Xi, monsieur Deng Jiagui, a participé à un placement privé» en 2000 via sa propre société d'investissement, afin d'acheter des actions d'une filiale de Wanda dédiée à l'immobilier, a déclaré M. Wang jeudi lors d'un forum à la Harvard Business School, à Boston (États-Unis), devant un millier d'étudiants.

Cette déclaration du milliardaire chinois, retranscrite dans le communiqué, intervient alors qu'une vigoureuse campagne anticorruption est en cours, lancée par Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir il y a plus de deux ans.

La campagne a frappé de nombreux responsables politiques, des hauts dirigeants aux petits cadres, limogés ou emprisonnés --certains pour de longues peines.

Wang Jianlin a assuré que le beau-frère du président a revendu ces actions «à un prix bas» deux mois avant que Wanda ne fasse son introduction à la Bourse de Hong Kong en décembre 2014, pour plusieurs milliards de dollars.

«Il a sacrifié une occasion de réaliser un énorme retour sur investissement», note M. Wang.

Pour le patron de Wanda, cela «démontre que le président Xi (Jinping) n'est pas seulement strict dans la gestion de notre pays, mais qu'il est encore plus scrupuleux lorsqu'il s'agit d'affaires de famille».

Wang Jianlin répondait à une question sur un article du New York Times affirmant que des amis et proches de la direction chinoise auraient investi plus d'un milliard de dollars (910 millions d'euros) dans les entreprises de Wanda dédiées à l'immobilier et au cinéma.

«Toutes sortes de rumeurs comme celle-ci circulent. Je n'estime pas nécessaire de les commenter», a réagi vendredi Pékin, par la voix d'un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lu Kang.

«Wanda n'a pas d'appartenance politique», a assuré Wang Jianlin lors du forum de jeudi.

Lundi, cet ancien militaire assurait que les forces du marché et le talent étaient essentiels pour bâtir de grandes entreprises en Chine, bien plus que les liens avec le pouvoir.

«Je pense que la majorité des gens qui ont de l'argent le gagnent par des moyens normaux (...) La majorité, en particulier les très riches, sont des gens honnêtes», déclarait-il.

Wang Jianlin s'était fait connaître à l'étranger en 2012 en rachetant la chaîne de salles de cinéma américaine AMC Entertainment pour 2,6 milliards de dollars.

Plus tôt cette année, M. Wang s'est emparé de 20% du capital du club de football espagnol Atletico Madrid.