La Banque d'Angleterre a comme attendu jeudi laissé inchangé son taux directeur à 0,50% à l'issue de sa réunion de politique monétaire d'octobre, une décision prise à une large majorité dans un contexte d'inquiétudes sur la reprise économique mondiale.

Les neuf membres du Comité de politique monétaire (CPM) de la banque centrale ont dans le même temps été unanimes pour laisser inchangé à 375 milliards de livres (environ 509 milliards d'euros) le montant total du programme de rachats d'actifs, dit d'«assouplissement quantitatif», lancé en mars 2009 et épuisé depuis novembre 2012.

«La décision du CPM de laisser de nouveau ses taux inchangés doit avoir été facile étant donné le récent ramollissement économique observé tant dans le pays qu'au niveau mondial», a remarqué Vicky Redwood, spécialiste du Royaume-Uni pour Capital Economics.

Seul Ian McCafferty a, pour le troisième mois consécutif, estimé que les risques de voir l'inflation s'accélérer au-delà du niveau cible de 2% à moyen terme justifiaient la hausse du taux directeur de l'institution à 0,75%, même si d'autres membres, non nommés ni dénombrés, ont également continué de juger possible une accélération de l'inflation.

Mais dans l'ensemble, «il y a de bonnes raisons justifiant la décision de la majorité du Comité de laisser les taux inchangés encore pendant une bonne partie de 2016», en particulier car «le Royaume-Uni est sur le point de revenir à une période de déflation» et «un nouveau resserrement budgétaire vont mettre la reprise économique sous pression», a prévenu Mme Redwood.

Les prix à la consommation au Royaume-Uni étaient redevenus stables en août sur un an (0,0%) comme en juin et après n'avoir que très légèrement augmenté en juillet (+0,1%). Les prix à la consommation avaient déjà baissé en avril, de 0,1%, et les responsables de la banque centrale s'attendent à un nouvel épisode de baisse des prix à court terme.

De plus, l'institution s'attend à ce que la croissance du produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni s'affiche à 0,6% au troisième trimestre. Celle-ci avait atteint 0,7% au deuxième trimestre selon les données de l'Office des statistiques nationales (ONS).

La Banque d'Angleterre a tout de même «étonnamment continué de minimiser les inquiétudes liées au ralentissement des marchés émergents», a relevé James Knightley, économiste chez ING.

«Même s'il y a un risque de voir une nouvelle détérioration des perspectives des marchés émergents, il n'y a jusqu'à présent eu que peu d'effets sur la confiance des entrepreneurs et des consommateurs dans les économies avancées», ont noté les membres du CPM.

Les observateurs seront attentifs le mois prochain à la publication du rapport trimestriel de la Banque d'Angleterre sur les perspectives de l'inflation et de la croissance au Royaume-Uni, parallèlement à l'annonce de la décision de politique monétaire de novembre et aux minutes de la réunion du CPM, en quête d'indices leur permettant d'affiner leurs prévisions sur la date d'une première hausse de taux depuis 2007.