Le rythme de croissance de la production industrielle et des ventes au détail a augmenté en août en Chine, mais cela risque de ne pas suffire à rassurer les investisseurs sur la santé de la deuxième économie mondiale.

Le PIB chinois n'a augmenté en 2014 «que» de 7,3%, soit la croissance la plus faible enregistrée par le géant asiatique ces 24 dernières années.

Les derniers indicateurs économiques publiés par Pékin ont par ailleurs donné des sueurs froides aux marchés internationaux, les investisseurs se demandant si la Chine ne se préparerait pas à un «atterrissage brutal» après des années de croissance à deux chiffres.

Dimanche, le gouvernement chinois a publié une nouvelle série de statistiques très attendues.

Le Bureau national des statistiques (BNS) a ainsi annoncé que la production industrielle, qui prend en compte la production des usines, ateliers et mines du pays, avait augmenté en août de 6,1% sur un an.

C'est au-dessus de la progression de 6% enregistrée le mois précédent, mais nettement en dessous de la prévision médiane d'économistes interrogés par Bloomberg. Ces derniers tablaient en effet sur un rythme de progression de 6,5%.

Les ventes au détail, considérées comme le baromètre de la consommation des ménages chinois, ont quant à elles augmenté en août selon le BNS de 10,8% sur un an, soit de façon plus forte qu'en juillet (+10,5%) et que ce qu'avaient anticipé les spécialistes interrogés par Bloomberg (+10,6%).

Pour autant, l'industrie chinoise demeure dans une situation «précaire», a estimé dimanche Jiang Yuan, un statisticien du BNS, après la publication des indicateurs.

«La demande intérieure et extérieure en produits industriels demeure faible», a-t-il jugé dans un communiqué publié par le site internet du BNS. «La pression à la baisse sur la production industrielle demeure forte.»

Cette semaine, une série d'indicateurs est venue renforcer les inquiétudes.

Ainsi l'inflation était-elle encore en août très en deçà du niveau cible officiel. Les prix à la vente à la sortie d'usine (PPI) ont reculé ce même mois pour le 42e mois consécutif, plongeant de 5,9% sur un an - son plus fort repli depuis six ans.

«Aucun signe de rétablissement»

Le premier ministre Li Keqiang s'est efforcé jeudi de rassurer en affirmant que son pays ne connaîtrait «pas d'atterrissage brutal».

Mais pour Ding Shuang, économiste chez Standard Chartered à Hong Kong, «l'économie ne montre aucun signe de rétablissement».

«Le gouvernement a fait ce qu'il pouvait en matière de politique monétaire, mais il va falloir que la demande de l'économie réelle reparte pour que cela ait un effet», a-t-il déclaré à Bloomberg.

La Chine représente 13% du PIB mondial et les marchés s'inquiètent de la contagion du ralentissement chinois sur le reste du monde.

C'est la dévaluation soudaine du yuan face au dollar en août, largement perçue comme un effort désespéré de Pékin pour soutenir la compétitivité de ses exportations, qui a mis le feu aux poudres.

Les autorités chinoises sont en train d'amorcer un douloureux virage vers un nouveau modèle de croissance, qui s'appuie davantage sur la consommation et moins sur les investissements publics.

Pour enrayer le ralentissement économique, Pékin a réduit cinq fois ses taux d'intérêt depuis novembre et abaissé les ratios des réserves obligatoires imposées aux banques, autorisées de facto à prêter davantage.

Dimanche, le BNS a annoncé que les investissements en capital fixe, qui mesurent les dépenses dans les infrastructures, avaient gonflé de 10,9% sur un an lors des huit premiers mois de l'année.

Ce rythme, en dessous de la prévision médiane des économistes sondés par Bloomberg, est également le plus faible taux de progression depuis 2000.

Un chiffre particulièrement préoccupant, selon Jeremy Stevens, économiste travaillant à Pékin pour la Standard Bank sud-africaine.

«Cette économie est en train de dériver et cela ne va pas s'arrêter», a-t-il estimé dans un courriel à l'AFP.