L'administration de Porto Rico a présenté mercredi un plan d'austérité pour l'aider à faire face à son endettement abyssal de 72 milliards de dollars, une démarche qui demandera aussi une participation des créanciers.

Ce plan sur cinq ans prévoit notamment des coupes dans les subventions aux municipalités, une augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée, des départs anticipés à la retraite et une prolongation du gel des salaires dans les agences gouvernementales.

Il implique aussi des négociations avec les créanciers pour restructurer quelque 47 milliards de dollars de dette, une tâche qui va s'avérer ardue, comme l'a reconnu mercredi le gouverneur Alejandro Garcia Padilla.

«La dette publique massive de Porto Rico est un obstacle à la croissance», a-t-il affirmé. «Il est temps pour les créanciers de se réunir autour de la table et de participer aux sacrifices», a ajouté le dirigeant dans un message télévisé.

La batterie de mesures budgétaires laisse en outre un trou de financement de quelque 14 milliards de dollars entre 2016 et 2020 qui nécessitera un geste des créanciers.

Sans cette renégociation de la dette, a averti le gouverneur, Porto Rico sera «forcé» de faire sans eux, ce qui signifiera «des années de litiges et de défaut de paiement et une crise humanitaire» dans l'île qui compte déjà plus de 12% de chômeurs pour 3,5 millions d'habitants.

Si les citoyens portoricains sont des ressortissants américains, l'archipel n'est pas considéré comme un des 50 États du pays.

Contrairement à la ville américaine de Detroit, qui avait fait faillite en 2013, Porto Rico n'a pas la possibilité légale de se déclarer en faillite pour restructurer sa dette à l'abri de ses créanciers.

La Maison-Blanche a exclu tout sauvetage financier de l'île, mais une proposition de loi lui accordant la possibilité de se déclarer en faillite a été déposée au Congrès américain, où elle est pour l'heure restée lettre morte.

Mercredi, le Trésor américain, qui a qualifié de «très grave» la situation financière de l'île, a appelé «toutes les parties prenantes à la coopération».

«Porto Rico a besoin d'un processus méthodique pour faire face à ses échéances. Sans un régime juridique éprouvé, la résolution des obligations financières de Porto Rico pourrait être chaotique, prendre du temps et être coûteuse à la fois pour Porto Rico et pour les États-Unis», a indiqué un porte-parole du Trésor dans un communiqué.

«La situation est urgente et exige l'attention immédiate du Congrès», a ajouté le Trésor.