L'euro baissait jeudi face à un dollar revigoré par de bonnes données aux États-Unis, dans un marché toujours très volatil sur fond d'inquiétudes sur la croissance chinoise et d'absence de nombreux courtiers en cette période estivale.

Vers 9h15 (heure de Montréal), la monnaie unique européenne valait 1,1237$US contre 1,1312$US mercredi vers 17h00.

L'euro était monté lundi à 1,1714 dollar en pleine panique sur les marchés mondiaux, soit son niveau le plus fort depuis mi-janvier alors qu'il valait encore autour de 1,10 dollar avant les dévaluations chinoises d'il y a deux semaines.

La devise européenne repartait à la baisse face à la monnaie nippone, à 135,43 yens contre 135,72 yens mercredi soir.

Le dollar montait face à la devise japonaise, à 120,55 yens contre 119,98 yens la veille au soir.

«Les marchés sont sous le coup d'un cocktail de nervosité - par rapport à la politique monétaire de la Fed (Réserve fédérale américaine), de la PBOC (Banque centrale chinoise) et aux perspectives de l'économie» mondiale, commentait Kit Juckes, analyste chez Société Générale.

Les Bourses asiatiques ont rebondi jeudi dans la foulée d'un net rebond à Wall Street, mais le retour au calme restait précaire sur des marchés toujours hantés par les risques liés au ralentissement de l'économie chinoise.

Les échanges restent «très volatils sur le marché des changes car les investisseurs demeurent prudents vis-à-vis du calendrier d'une éventuelle hausse des taux d'intérêt aux États-Unis», observait Myrto Sokou, analyste chez Sucden.

«Le récent ralentissement économique en Chine pourrait ainsi entraîner un report d'une hausse de taux, attendue initialement en septembre», poursuivait Mme Sokou, ce qui alimentait la prudence des cambistes après les violents mouvements observés sur les marchés ces dernières semaines.

Dans ce contexte, «le président de la Fed de New York, William Dudley, une voix prudente au sein du FOMC (Comité de politique monétaire de la Fed), n'a pas vraiment fourni plus de lumière sur le sujet le plus débattu sur les marchés mais les commandes de biens durables se sont ajoutées aux récentes nouvelles plutôt bonnes sur l'économie américaine», notait Kit Juckes.

M. Dudley, a semblé écarter mercredi la perspective d'une hausse des taux dans trois semaines en estimant que le besoin de relever les taux d'intérêt américains dès septembre apparaissait «moins impérieux» qu'il y a quelques semaines, a-t-il dit, vu «les développements internationaux», dont le ralentissement en Chine.

Une hausse des taux américains rendrait le dollar plus rémunérateur et donc plus attractif pour les investisseurs. Mais tout report d'une telle action tend habituellement à peser sur le billet vert.

Il a tout de même ajouté continuer de croire à un possible relèvement des taux cette année «car cela signifierait que les perspectives de l'économie américaine sont bonnes». Il n'a toutefois pas voulu s'engager sur un calendrier alors qu'après la réunion des 16 et 17 septembre, le Comité monétaire se réunit encore deux fois, fin octobre et à la mi-décembre. Les taux sont maintenus proches de zéro pour soutenir l'économie depuis bientôt sept ans.

Mais après notamment la hausse inattendue des commandes de biens durables en juillet aux États-Unis annoncée mercredi, «une hausse de taux en septembre ne peut pas non plus être totalement écartée», prévenait Derek Halpenny, analyste chez Bank of Tokyo-Mitsubishi, pour qui le rapport officiel mensuel sur l'emploi attendu le 4 septembre sera déterminant pour la Fed.

En effet, la Fed fait de l'amélioration marquée et continue du marché du travail un des éléments déclencheurs, avec l'accélération de l'inflation, d'un resserrement monétaire.

La possibilité d'une hausse de taux était d'ailleurs renforcée jeudi par l'annonce d'un recul plus fort qu'attendu des inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage aux États-Unis et par la nette révision à la hausse de la croissance américaine au deuxième trimestre selon une deuxième estimation du produit intérieur brut (PIB) américain.

Vers 9h15, la livre britannique gagnait un peu de terrain face à la monnaie unique européenne, à 72,92 pence pour un euro, mais repartait à la baisse face au billet vert, à 1,5406 dollar pour une livre, tombant même vers 8h50 à 1,5400 dollar, son niveau le plus faible en près de sept semaines.

La devise suisse montait face à l'euro, à 1,0771 franc pour un euro, mais repartait à la baisse face au dollar, à 0,9587 franc pour un dollar.

La devise chinoise a terminé à 6,4056 yuans pour un dollar, contre 6,4093 yuans la veille.

L'once d'or a fini à 1128,50 dollars à la fixation du matin, contre 1120,75 dollars mercredi soir.