Le ministre français de l'Economie Emmanuel Macron a considéré mardi à Berlin que la Chine était actuellement un facteur de risque particulièrement grand pour la reprise économique mondiale, sans toutefois être une menace pour la croissance française 2015.

«L'économie mondiale se redresse mais pas autant que nous l'espérions (...) c'est un processus très long (...). D'un côté, nous avons des opportunités» (pétrole bon marché, taux d'intérêt bas, etc.), «mais de l'autre côté, il y a beaucoup de risques, et particulièrement la Chine aujourd'hui», a-t-il déclaré à l'occasion de la Conférence des ambassadeurs allemands à Berlin.

Le ministre a toutefois ensuite estimé, devant des journalistes, que «la croissance française pour 2015 (actuellement attendue autour de 1,5% en rythme annuel, 1% en moyenne) n'est pas menacée par la crise chinoise.»

«L'impact sur le court terme n'est pas d'une magnitude excessive sur l'économie française», a-t-il également considéré appelant toutefois à «rester vigilant pour les entreprises qui sont très exposées à la Chine». En cela, Emmanuel Macron pense que l'Allemagne, davantage exportatrice vers la Chine que la France, «sera plus touchée».

L'une des répercussions positives indirectes de la croissance chinoise affaiblie et donc de la baisse attendue des échanges entre la Chine et le reste du monde est que le pétrole et les matières premières devraient continuer à être bon marché, a relevé le ministre français.

«Nous avons tous intérêt à ce que la Chine réussisse» son passage vers un nouveau modèle de croissance, mais «nous ne sommes qu'au milieu de cette transition» qui ne sera pas un processus «calme et facile», avait-il auparavant souligné, devant les ambassadeurs allemands, soulignant que «la Chine est le pays qui a le plus contribué à l'économie mondiale ces dix dernières années».

Il a rappelé que d'autres pays émergents comme la Russie, la Turquie ou le Brésil traversaient des difficultés encore plus grandes.

«Tout cela rend encore plus important d'avoir une zone euro forte et stable», a considéré Emmanuel Macron. Comme il l'avait déjà fait avec son homologue Sigmar Gabriel début juin, il a de nouveau plaidé pour un renforcement de la zone euro, avec une plus grande convergence fiscale et sociale, un budget propre à l'eurozone et également une représentation démocratique.

Les craintes concernant la santé économique chinoise ont provoqué une lourde chute de l'ensemble des marchés financiers lundi, une réaction «avec excès» pour le ministre français de l'Economie. Les Bourses européennes rebondissaient d'ailleurs fortement mardi.

La veille, déjà à Berlin, le président français François Hollande avait estimé que l'économie mondiale était «suffisamment solide» pour que sa croissance ne soit «pas seulement liée à la situation en Chine».

«L'économie mondiale est suffisamment solide pour avoir des perspectives de croissance qui ne sont pas seulement liées à la situation en Chine», a assuré François Hollande.

Mardi, le Premier ministre français Manuel Valls s'est voulu lui aussi rassurant, estimant que l'impact de la tourmente financière et du ralentissement de l'économie chinoise pour la France et les économies européennes ne devrait pas aller «au-delà de quelques dixièmes de points» de PIB, dans des déclarations aux quotidien économique français Les Échos.