La Chine a annoncé lundi qu'elle allait continuer sa politique de rachat d'actions pour rassurer les marchés boursiers après que la Bourse de Shanghai a clôturé en recul de 8,48%, un plongeon spectaculaire illustrant les limites de l'action gouvernementale pour restaurer la confiance des investisseurs dans la deuxième économie mondiale.

L'indice composite shanghaïen a perdu 345,35 points, à 3725,56 points, dans un volume d'affaires de 721,3 milliards de yuans (104,7 milliards d'euros).

Il s'agit de la plus importante dégringolade de cet indice en plus de huit années.

À la Bourse de Shenzhen, l'indice composite a dévissé de 7%, ou 162,62 points, à 2160,09 points, dans un volume d'affaires de 667,7 milliards de yuans (97 milliards d'euros).

Dans le sillage de ces deux places, la Bourse de Hong Kong a fini en baisse de 3,09%.

La Chine va continuer sa politique de rachat d'actions sur le marché, a déclaré lundi soir le régulateur chinois des marchés, cité par les médias d'État chinois.

Les autorités chinoises vont injecter davantage de fonds pour stabiliser les marchés d'actions, a ajouté le régulateur.

L'organisme public China Securities Finance Corporation (CSFC) va continuer à racheter des actions, a indiqué l'agence officielle Xinhua, citant M. Zhang Xiaojun, un porte-parole de la Commission de régulation des marchés (CSRC).

Cette mesure a pour but de «dissiper les rumeurs selon lesquelles» cet organisme chargé de soutenir le marché «aurait renoncé» à intervenir pour stabiliser les Bourses, a souligné Xinhua.

Les investisseurs ont réagi à des informations selon lesquelles la CSFC avait commencé à restituer les fonds empruntés aux banques commerciales pour stabiliser le marché des actions avant terme, suscitant des craintes quant à l'engagement de Pékin à soutenir le marché.

Les autorités chinoises ont déclenché un plan sans précédent pour soutenir les places financières ces dernières semaines.

«Les investisseurs n'ont pas confiance dans un retour proche d'un marché orienté à la hausse», avait estimé Jimmy Zuo, courtier chez Guosen Securities, cité par Bloomberg News, avant l'annonce du régulateur.

«Les gens veulent empocher leurs gains après le dépassement des 4000 points de l'indice», avait-il ajouté.

La Bourse de Shanghai était repassée au-dessus de ce seuil symbolique mardi dernier. Mais vendredi, elle a terminé sur une baisse de 1,29%, mettant un terme à six séances consécutives de hausse.

La succession d'annonces de mauvais indicateurs est venue heurter les efforts des autorités pour relancer la Bourse après sa chute spectaculaire de ces dernières semaines, ont expliqué les courtiers.

Lundi, les chiffres du gouvernement ont révélé une baisse de 0,3% des bénéfices des grandes entreprises industrielles.

Et la production manufacturière chinoise s'est contractée en juillet, atteignant son niveau le plus bas depuis 15 mois, selon une étude indépendante publiée vendredi qui a confirmé les difficultés de la deuxième économie mondiale à relancer son activité.

L'indice PMI préliminaire des directeurs d'achat pour la Chine, calculé par la firme financière Markit en partenariat avec le groupe de presse chinois Caixin, s'est établi à 48,2.

Il faut remonter à avril 2014 pour trouver un niveau pire, à 48,1.

La récente hausse «trop forte»

Malgré ces mauvais chiffres, les marchés chinois avaient repris du poil de la bête ces derniers jours.

«La hausse de ces deux dernières semaines était trop forte, le marché s'est corrigé de lui-même», a commenté Zhang Di, analyste chez Haitong Securities.

«Ce à quoi s'ajoutent les incertitudes sur le mode de retrait des mesures de soutien du gouvernement», a-t-il ajouté, en pronostiquant toutefois un retour de Shanghai autour des 4000 points.

Pour enrayer la débâcle des Bourses de Shenzhen et de Shanghai --celle-ci ayant plongé de quelque 30% en trois semaines après la mi-juin--, les autorités ont en effet déployé une batterie de mesures destinées à rassurer.

Les régulateurs ont interdit aux actionnaires possédant plus de 5% dans une entreprise cotée de vendre leur participation au cours des six prochains mois. Des opérations de police ont été également lancées contre des ventes à découvert jugées illégales.

Une centaine de grands groupes étatiques chinois se sont par ailleurs vu interdire de vendre les actions de leurs filiales cotées.

De son côté, la banque centrale chinoise (PBOC) a assuré qu'elle fournirait des liquidités abondantes pour stabiliser les Bourses, via le financement des «opérations sur marge» (achats d'actions par endettement).

En outre, les 21 principales maisons de courtage chinoises se sont engagées à investir au moins 19 milliards de dollars supplémentaires sur les marchés.

Autant de signaux, concernant des places boursières où l'écrasante majorité des investisseurs sont des particuliers au comportement jugé imprévisible, qui ont pu davantage troubler les esprits, car jugés comme allant dans le sens opposé de l'ambitieux programme de réformes du secteur financier engagé par Pékin.

La correction des Bourses chinoises avait elle-même suivi une envolée de 150% de la Bourse de Shanghai en douze mois, en déconnexion flagrante avec l'économie réelle en douloureux ralentissement.

Lundi, le plongeon a particulièrement concerné les sociétés de courtage. Les firmes Industrial Securities et Dongxing Securities ont chuté de 10%, le maximum possible en une journée de cotation, à respectivement 10,38 et 21,92 yuans.

Les sociétés spécialisées dans les infrastructures routières ont été aussi parmi les victimes de cette journée de correction. Les titres des groupes Hubei Chutian Expressway et Shandong Hi-speed ont également perdu 10% à Shanghai, à 6,26 et 7,49 yuans.