Les neuf membres du Comité de politique monétaire de la Banque d'Angleterre ont voté une nouvelle fois à l'unanimité début juillet pour le statu quo monétaire mais ont semblé préparer le terrain à une hausse prochaine des taux, selon les minutes de leur réunion publiées mercredi.

À l'issue d'une réunion tenue le 8 juillet, le Comité de politique monétaire (CPM) de la banque centrale britannique avait ainsi maintenu son principal taux d'intérêt au niveau historiquement bas de 0,50% auquel il est fixé depuis mars 2009. Il avait aussi laissé inchangé à 375 milliards de livres (environ 535 milliards d'euros) le montant total de son programme de rachats d'actifs, dit d'«assouplissement quantitatif», lancé en mars 2009 et épuisé depuis novembre 2012.

«À la lumière des récents développements, tous les membres ont jugé approprié de laisser la politique monétaire inchangée lors de cette réunion», ont révélé les minutes.

«Les évènements du mois écoulé ont accentué le contraste entre les développements de l'économie (britannique) d'un côté et les risques en provenance de l'économie internationale de l'autre», ont noté les membres du CPM.

En effet, certains indicateurs économiques britanniques majeurs publiés depuis la précédente réunion de politique monétaire de la Banque d'Angleterre ont été meilleurs qu'attendu, comme la révision à la hausse de la croissance au premier trimestre et l'accélération de la hausse des salaires.

À l'inverse, si sur le plan international les données publiées au deuxième trimestre tendaient à montrer une reprise après un ralentissement temporaire au premier trimestre, ces indicateurs ont été éclipsés par «les évènements en Grèce et en Chine, et les risques qu'ils présentent pour les perspectives» de la reprise économique mondiale.

D'ailleurs, pour «plusieurs» membres du CPM, «l'incertitude provoquée par les récents évènements en Grèce a été un facteur crucial dans leur décision».

«Plusieurs» membres proches d'un vote haussier

En effet, pour ces membres, qui ne sont comme à l'habitude pas nommés, «sans cette incertitude», l'écart entre une décision de maintien des taux et une petite hausse se réduisait.

Ainsi, les minutes de la réunion du CPM «laissent à penser qu'au moins deux de ses membres sont sur le point de voter pour une hausse des taux», a estimé Samuel Tombs, économiste chez Capital Economics.

D'août à décembre 2014, Ian McCafferty et Martin Weale avaient voté pour une hausse de 25 points de base du taux, estimant que les conditions économiques s'étaient suffisamment améliorées pour justifier une telle action. Ils pourraient ainsi reprendre ce vote en août et être rejoints par au moins un autre membre.

«L'impression la plus forte se détachant (des minutes) est que le CPM intensifie son discours de préparation des ménages et des entreprises à une hausse des taux», a commenté Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

La semaine dernière, le gouverneur de la Banque d'Angleterre Mark Carney a déclaré que «le moment auquel les taux d'intérêt pourront commencer à monter se rapproche étant donné la performance de l'économie» notamment grâce à «une croissance systématiquement supérieure à la tendance» historique. Il a même précisé que les taux pourraient commencer à être relevés autour de la fin de l'année.

De nombreux observateurs s'accordent tout de même toujours à dire qu'une première hausse de taux depuis 2007 ne devrait pas intervenir avant février 2016.

Étant donné le vaste plan d'économies lancé par le ministre britannique des Finances George Osborne, «la Banque d'Angleterre devrait se retenir de relever ses taux» cette année, préférant attendre février pour «éviter de voir l'assainissement budgétaire devenir nocif à la reprise économique», a prévenu Ipek Ozkardeskaya, analyste chez London Capital Group.

Par ailleurs, à partir du mois d'août, les minutes des réunions de politique monétaire seront publiées le même jour que l'annonce de la décision, et non plus avec un décalage de deux semaines, afin d'accroître la transparence du Comité.