La Banque centrale européenne (BCE) a relevé jeudi ses prêts d'urgence aux banques grecques, leur dernière source de financement, tout en appelant Athènes à dissiper les doutes quant à sa volonté et sa capacité à mener des réformes.

«Nous avons décidé aujourd'hui de relever ELA», acronyme pour ces financements d'urgence qui étaient plafonnés depuis fin juin à près de 89 milliards d'euros, a indiqué lors d'une conférence de presse le président de la BCE Mario Draghi.

La hausse de 900 millions d'euros accordée correspond à ce qu'avait demandé la Banque de Grèce pour ses banques, a-t-il précisé.

La BCE agit en partant du principe que la Grèce «est et restera un membre de la zone euro», a-t-il martelé.

M. Draghi a jugé que l'accord trouvé en début de semaine sur le principe d'un troisième plan d'aide pour la Grèce, de plus de 80 milliards d'euros, et le vote dans la nuit de mercredi de premières réformes par le Parlement grec faisaient que «les conditions pour un relèvement d'ELA (étaient) à nouveau réunies».

Avec cette décision, la BCE rouvre ainsi un robinet qu'elle avait fermé depuis quelques semaines, en choisissant à plusieurs reprises de ne pas augmenter le plafond de ces fonds d'urgence aux banques.

M. Draghi a jugé «injustifiées et totalement infondées» les critiques selon lesquelles la BCE aurait maintenu une pression trop importante sur les banques hellènes et provoqué une panique bancaire.

«ELA a augmenté de 0 à 90 milliards» depuis le début de la crise grecque, et «l'eurosystème est désormais exposé à la Grèce à hauteur de 130 milliards», s'est-il justifié, en soulignant que l'Europe est ainsi le principal créancier de la Grèce.

À l'inverse, «ceux qui disent 'vous auriez dû couper les prêts ELA depuis longtemps', ceux-là veulent que nous ne respections pas notre mandat, en décidant qui devrait être membre de la zone euro et ne devrait plus l'être», a poursuivi l'Italien.

M. Draghi a estimé que les contrôles des capitaux mis en place en Grèce «ont protégé les déposants». Il s'est dit conscient que de telles mesures «brident la reprise économique» mais a recommandé d'agir «avec prudence» quant à leur levée. Cette décision revient au seul gouvernement grec, a-t-il reconnu.

M. Draghi a admis que la santé des banques grecques posait «un problème systémique». En conséquence, la BCE a promis d'annoncer à l'avenir ses décisions sur ELA de manière officielle, ce qu'elle ne faisait pas jusqu'à présent.

Le banquier central a appelé le gouvernement grec à restaurer la confiance avec ses partenaires en montrant sa volonté de moderniser le pays.

«Il y a des interrogations sur la volonté et la capacité (du gouvernement grec) à mettre en oeuvre» les réformes promises, a déclaré M. Draghi, estimant qu'il serait «du ressort du gouvernement grec» de lever ces interrogations.

Il a jugé infondées les craintes que la Grèce ne puisse pas rembourser une échéance de quelque 4,2 milliards d'euros due à la BCE lundi, ainsi que les traites que le pays doit au Fonds monétaire international.

«Le 20 juillet, nous serons remboursés, ainsi que le FMI», a-t-il dit, alors que les partenaires européens d'Athènes se sont entendus sur un financement relais, sous forme d'un prêt de 7 milliards d'euros, pour que le pays puisse honorer ses prochaines échéances de remboursement. Le mécanisme doit être approuvé d'ici vendredi midi.

«Nous savons qu'un concept de financement est en cours d'élaboration et en voie d'être approuvé», a affirmé le gardien de l'euro, tout en appelant à réduire le poids de la dette de la Grèce, qui représente quelque 180% de son PIB.

Une question selon lui «indiscutable», mais qui se heurte à de fortes réticences en Europe, notamment en Allemagne.