Le vice-ministre des Affaires étrangères, Euclide Tsakalotos, également coordinateur des négociations avec les créanciers de la Grèce UE et FMI, a été nommé lundi ministre des Finances du gouvernement grec pour succéder à Yanis Varoufakis, qui a démissionné après le référendum, a indiqué la présidence de la République.

Cet économiste discret, antithèse de la personnalité iconoclaste de M. Varoufakis, prêtera serment lors d'une cérémonie civile à 20h locale (13h HE), selon un communiqué de la présidence. Il participera mardi à sa première réunion des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) à Bruxelles.

Euclide Tsakalotos, universitaire de 55 ans, en charge des affaires économiques internationales, né à Rotterdam, éduqué à Oxford, a été nommé fin avril coordinateur de l'équipe grecque des négociations à Bruxelles après l'isolement croissant de Yanis Vafourakis face à ses pairs lors des réunions de la zone euro.

Il va avoir la lourde charge de retisser une confiance largement entamée entre les grands argentiers européens et la Grèce après cinq mois de négociations erratiques et vaines pour trouver un accord de financement de la Grèce à court d'argent.

PHOTO ALKIS KONSTANTINIDIS, ARCHIVES REUTERS

Euclide Tsakalotos

Les dates-clés de plus de cinq ans de crise grecque

2009

Octobre: Le gouvernement socialiste de Georges Papandréou allume la mèche de la crise de la dette en Europe en relevant la prévision de déficit public pour 2009 (12,7% contre 6%). Ce déficit sera même estimé à 15%. En décembre, les agences de notation entament une valse de dégradations de la dette grecque.

2010

23 avril: Avec 350 milliards d'euros de dette, la Grèce, privée d'accès aux marchés financiers, demande une aide internationale.

Mai: La Grèce devient le premier pays de la zone euro à recevoir un plan d'aide international de 110 milliards d'euros de prêts, apportés par les États européens, la BCE et le Fonds monétaire international (FMI). Prévu sur trois ans, il vise à éviter un défaut de paiement et le risque d'explosion de la zone euro. En échange, un plan d'austérité (baisse des pensions, salaires, hausses d'impôts et réformes structurelles) est mis en place, provoquant de violentes manifestations.

2011

27 octobre: Devant la détérioration de la situation économique et financière de la Grèce, la zone euro élabore un deuxième plan de sauvetage, combinant des prêts supplémentaires de 130 milliards d'euros et l'effacement d'une partie de la dette des banques privées (107 milliards d'euros sur 206), contre de nouvelles mesures d'assainissement financier. Ce plan, approuvé en mars 2012 avec une échéance prévue fin 2014, sera prolongé jusqu'au 30 juin 2015 après la victoire électorale de la gauche radicale (Syriza) en janvier 2015.

2012

9 mars: Accord des créanciers privés de la Grèce qui effacent partiellement sa dette, évitant un défaut de paiement.

20 juin: Un gouvernement de coalition droite/gauche est formé et Athènes votera un nouveau budget d'austérité pour 2013.

2014

Avril: La Grèce retourne sur les marchés pour la première fois en quatre ans et dégage en fin d'année un excédent budgétaire (hors charges de la dette).

Décembre: Les créanciers exigent de nouvelles mesures gouvernementales pour débloquer la dernière tranche des prêts internationaux.

2015

25 janvier: Syriza, dirigé par Alexis Tsipras, remporte les élections législatives en promettant de renégocier le plan de sauvetage et de mettre fin à la politique d'austérité, qui a provoqué la chute du PIB de 25% et le chômage d'un quart de la population. Le premier ministre Alexis Tsipras affirme que la Grèce ne souhaite pas sortir de l'euro, mais annonce des mesures sociales pour lutter contre la «crise humanitaire» et une renégociation des accords avec les créanciers.

20 février: Accord entre les créanciers de la Grèce et son gouvernement pour prolonger l'aide jusqu'au 30 juin. Athènes s'engage à proposer des mesures pour obtenir la dernière tranche des prêts.

2 juin: Nouvelles propositions des créanciers sur les réformes à faire pour éviter la faillite. Le 15, M. Tsipras dénonce les créanciers qui demandent à son pays de nouvelles mesures après cinq années de «saccage» de son économie.

27 juin: Alexis Tsipras annonce dans la nuit un référendum sur la proposition des créanciers pour le 5 juillet. Il dénonce «l'ultimatum» posé selon lui par les créanciers dans leur proposition d'accord formulée l'avant-veille et prévoyant un versement de 12 milliards d'euros en quatre fois d'ici fin novembre, mais dans des conditions «sapant la relance de la société et de l'économie grecques» pour «humilier tout un peuple». Le plan d'aide financière prendra fin le 30 juin, annonce le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.

30 juin: À court d'argent, et faute d'accord avec ses créanciers, la Grèce fait défaut sur sa dette vis-à-vis du FMI en n'honorant pas le remboursement de 1,5 milliard d'euros. Elle devient le premier pays industrialisé à faire défaut vis-à-vis de l'institution.

5 juillet: tenue du référendum. Les Grecs rejettent le plan des créanciers par 61,31% contre 38,69%, selon les résultats définitifs publiés dans la nuit du 5 au 6 juillet par le ministère de l'Intérieur. La participation s'établit à 62,5%.