La Banque centrale européenne (BCE) a fait état jeudi d'inquiétudes au sein de son conseil des gouverneurs concernant les possibles effets de la crise grecque sur la stabilité des marchés financiers en zone euro.

«Des risques géopolitiques persistants et l'incertitude continue concernant l'issue des négociations» que mène le gouvernement grec avec ses créanciers constituent «des sources d'incertitudes et de volatilité sur les marchés», ont estimé les membres de ce conseil lors de leur dernière réunion de politique monétaire, les 2 et 3 juin, selon un compte-rendu publié jeudi.

En parallèle, les gouverneurs de l'institution monétaire de Francfort ont exprimé leur confiance dans l'efficacité de son action pour soutenir l'économie de la zone euro.

Il y a eu «un large consensus» parmi les membres de ce conseil quant au fait que les mesures de politique monétaire très accommodantes mises en oeuvre par la banque centrale portaient leurs fruits, révèle ce compte-rendu, qui ne cite jamais nommément les participants.

Les effets de ces mesures «trouvent graduellement leur chemin vers l'économie, contribuant à la reprise, à un redémarrage de l'inflation et à l'amélioration» des conditions de crédit, ont estimé les gouverneurs.

Le conseil a toutefois exprimé «l'opinion largement partagée qu'il était trop tôt pour pouvoir parler de succès», est-il ajouté.

Début mars, la BCE a donné le coup d'envoi d'un vaste programme de rachats de dettes en zone euro, au rythme de 60 milliards d'euros par mois en moyenne, destiné à relancer la faible dynamique des prix dans la région. Au total, la banque centrale prévoit de débourser quelque 1100 milliards d'euros d'ici septembre 2016 dans le cadre du «QE», acronyme anglo-saxon désignant cette opération.

Ce plan ne fait toutefois pas l'unanimité au sein du conseil des gouverneurs. Certains membres, comme le président de la Bundesbank Jens Weidmann, conteste son utilité, arguant que baisse de l'euro et pétrole bon marché oeuvrent déjà de concert pour tonifier la reprise fragile de l'économie européenne.

Les premiers succès du «QE» et les signes de reprise en zone euro ont alimenté les spéculations sur un arrêt précoce ou un ralentissement de ce programme. Mais sa réussite dépend de sa pleine mise en oeuvre et il est trop tôt pour envisager de réduire l'allure, sont convenus la plupart des gouverneurs de la BCE.

«La reprise économique reste modeste et continue à faire face à des vents contraires», ont-ils estimé.

La Banque de Suède abaisse son taux d'intérêt, citant la Grèce

STOCKHOLM - La Banque de Suède a annoncé jeudi une baisse de son taux d'intérêt directeur de 0,1 point à -0,35%, et un accroissement de ses achats d'obligations, citant l'incertitude provoquée par la crise en Grèce.

«L'inflation augmente et l'activité économique en Suède continue de se renforcer. Mais l'incertitude à l'étranger s'est accrue et il est difficile d'évaluer les répercussions de la situation en Grèce», a écrit la banque centrale dans un communiqué.

La Banque de Suède a instauré un taux d'intérêt négatif en février dans l'espoir de raviver une inflation qui a plus ou moins disparu depuis fin 2012. La dernière mesure était de 0,1% en mai.

Les économistes attendaient cette fois un statu quo, le diagnostic n'ayant pas réellement changé ces derniers mois. Mais la Banque de Suède a relevé une évolution du taux de change qu'elle a dit vouloir combattre.

«Depuis la décision la plus récente de la Riksbank en avril, la couronne s'est renforcée plus que prévu contre plusieurs autres monnaies. Si le taux de change était trop fort par rapport à la prévision de la Riksbank, les prix des biens importés augmenteraient plus lentement et la demande dans l'économie suédoise baisserait», a estimé l'institut monétaire.

L'économie suédoise reste en bonne santé par rapport à d'autres en Europe, et ne semble pas menacée de déflation. La Banque de Suède a abaissé sa prévision de croissance pour 2015 de 0,3 point, mais prévoit 2,9%.

Les achats d'obligations d'État suédoises, autre mesure destinée à accélérer l'inflation en injectant des liquidités dans le système financier, avaient été décidés en février. La Banque de Suède a annoncé vouloir augmenter les montants achetés de 45 milliards de couronnes (6,7 milliards de dollars).