À court de temps et d'argent, la Grèce risque fort de ne pas rembourser les 1,5 milliard d'euros dus au FMI d'ici mardi et s'exposera alors à une série de sanctions pouvant aller jusqu'à l'exclusion de l'institution.

Le premier couperet sera automatique: si le virement de la banque nationale grecque ne parvient pas au FMI, le pays sera aussitôt déclaré en arriérés de paiement et privé d'accès aux ressources financières de l'institution, détaille le Fonds monétaire international dans son dernier rapport sur ses opérations financières.

Le Fonds ne dispose d'aucune marge de manoeuvre et sera dans l'impossibilité légale de verser de l'argent frais à Athènes. De son côté, le pays a déjà grillé son joker début juin en activant une clause qui lui a permis de regrouper plusieurs paiements et d'obtenir un sursis jusqu'à la fin du mois.

Après cette première étape, la directrice du FMI Christine Lagarde a en théorie un mois pour informer son conseil d'administration qui représente les 188 États membres de l'institution. Mais elle n'attendra pas aussi longtemps «étant donné la visibilité et l'importance» du cas grec, a prévenu un porte-parole du FMI.

Essentiellement symbolique, cette notification sera en tout cas sans effet sur les agences de notation qui ont prévenu qu'elles ne considèrent pas un pays en défaut après un incident de paiement vis-à-vis d'une institution publique comme le FMI.

Au bout de trois mois et après le dépôt formel d'une «plainte», la Grèce risque ensuite d'être privée de sa capacité d'utiliser les droits de tirage spéciaux (DTS), la monnaie créée par le Fonds en s'appuyant sur un panier des principales devises mondiales.

Si la situation s'enlise, le FMI a alors jusqu'à 15 mois après l'incident initial pour formellement émettre une «déclaration de non-coopération» qui peut déboucher dans les trois mois suivants sur la suspension des droits de vote d'Athènes au sein de l'institution.

Cette décision aurait surtout une portée symbolique, mais scellerait l'isolement du pays au sein de l'institution.

Dans les six mois suivants, soit deux ans après le défaut de paiement initial, une procédure d'expulsion du Fonds pourra ensuite être engagée. Mais une telle issue est peu probable: elle devra recueillir l'assentiment d'une écrasante majorité des États membres (85% des droits de vote) qui ont toujours préféré éviter ce scénario extrême.

Dans l'histoire du FMI, seul un pays, la Tchécoslovaquie, a été exclu de l'institution au milieu des années 50 en pleine Guerre froide.

Le Zimbabwe, le Soudan ou la Somalie, qui sont en arriérés de paiement depuis plusieurs décennies, n'ont ainsi jamais été menacés d'un tel sort même si les montants en jeu sont sans comparaison avec ceux de la Grèce.

Dernier pays à avoir fait défaut vis-à-vis du FMI en 2001, le Zimbabwe ne doit ainsi rembourser au FMI «que» 101,1 millions d'euros. Sur la seule année 2015, la Grèce est, elle, censée virer cette année plus de 5,4 milliards d'euros dans les caisses du FMI.