Les marchés financiers ont été fortement secoués lundi par les craintes générées par une sortie éventuelle de la Grèce de la zone euro à l'issue du référendum, mais n'abandonnaient pas tout espoir et ont limité les dégâts.

Passé le plongeon spectaculaire des places européennes à l'ouverture, ces dernières sont revenues à plus de mesure, retrouvant plus ou moins le niveau où elles étaient 10 jours plus tôt avant de se laisser grisées par l'espoir d'un accord.

Wall Street n'a pas échappé à la tragédie grecque, mais sans panique non plus, le Dow Jones perdant 1,19% et le Nasdaq 1,05% vers 11h50.

En clôture, les Bourses européennes étaient toutes nettement dans le rouge, mais réduisaient leurs pertes, la Bourse de Francfort perdant 3,56%, Paris 3,74%, Londres 1,97%, Madrid 4,56% et Milan plus de 5%.

L'euro résistait à 1,1178 dollar, après être passé sous les 1,10 dollar dans les échanges asiatiques, contre 1,1160 dollar en fin de semaine dernière à New York.

Le marché de la dette était agité, mais sans excès.

Le taux d'emprunt à 10 ans de la Grèce, dont la dette est peu échangée, s'est envolé à 15,078% (contre 10,845% vendredi en clôture).

Dans la foulée, les dettes des pays du sud de la zone euro souffraient.

À midi, le taux à 10 ans de l'Espagne progressait à 2,347% contre 2,110% vendredi à la clôture sur le marché (secondaire) où s'échange la dette déjà émise.

Celui de l'Italie a grimpé à 2,391% (contre 2,150%), du Portugal à 3,083% (contre 2,718%).

Pour Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas, «à partir du moment où la situation de crise se renforce en Grèce, le risque augmente», ce qui se traduit par un fort recul des indices boursiers et la hausse des taux des pays les plus fragiles de la zone euro.

Mais pour autant, «on n'est pas dans un mouvement de panique, loin de là», souligne-t-il.

Espoirs d'un accord de dernière minute

Les marchés voulaient croire jusqu'à présent à une issue positive, comme l'a montré la progression des indices la semaine dernière.

«Les marchés pensaient qu'un accord était possible (...) donc ils réagissent», a commenté lundi le ministre français des Finances Michel Sapin.

Les négociations entre Athènes et ses créanciers ont spectaculairement échoué samedi soir, laissant présager que la Grèce fera défaut de paiement cette semaine et risque de se retrouver éjectée de la zone euro à terme.

Le premier ministre grec Alexis Tsipras a provoqué la stupeur dans la nuit de vendredi à samedi avec l'annonce d'un référendum sur les exigences de ses créanciers, prévu le 5 juillet, après cinq mois de négociations avec l'UE, la BCE et le FMI.

Jean-François Robin, stratégiste chez Natixis, explique la réaction mesurée du marché par le fait que «de premiers sondages ont l'air de dire que le oui pourrait l'emporter, ce qui est le plus rassurant pour tout le monde».

Pour l'heure, le plan d'aide au pays va s'achever mardi 30 juin et la Grèce ne devrait pas être en mesure de rembourser une échéance de 1,5 milliard d'euros au FMI le même jour, augmentant la perspective du défaut de paiement et possiblement d'une sortie de la Grèce de la zone euro.

Dans la foulée, la Grèce a annoncé la fermeture des banques jusqu'au 6 juillet et l'instauration d'un contrôle des capitaux. La Bourse d'Athènes restera quant à elle fermée jusqu'au 7 juillet.

De leur côté, les responsables européens se sont voulus rassurants et ont estimé que la zone euro pourrait surmonter une sortie de la Grèce.

Les espoirs d'un accord de dernière minute n'ont en outre pas entièrement disparu notamment parce que la Banque centrale européenne (BCE) a donné un répit à la Grèce en maintenant intact le plafond de fourniture de liquidités d'urgence aux banques grecques (prêts ELA).

«Pas une nouvelle crise financière»

Mais les déclarations du patron de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avertissant qu'un «non» au référendum prévu dimanche serait «un non à l'Europe» ont été très fraîchement accueillies par le gouvernement grec.

Certains analystes, comme ceux de la banque suédoise Nordea, estiment que la possibilité d'un «Grexit» est prématurée, même si «l'horizon s'est encore assombri».

«Lundi sera une journée volatile, mais nous ne nous attendons pas à une nouvelle crise financière», indiquent-ils.

La zone euro a notamment mis en place de nombreux pare-feu et assaini les banques depuis la crise de la dette de 2010-2012, sans compter les outils à disposition de la BCE et notamment le programme de rachats d'actifs qui est en cours.

«Le Grexit a commencé, mais, la BCE aidant, il ne sera pas contagieux au reste de la zone euro», estime Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities.

Plus tôt dans la journée, les marchés asiatiques ont également accusé le coup. Tokyo a clôturé sur une perte de 2,88%, Hong Kong 2,61%, Sydney a cédé 2,23%, Séoul 1,42% et Taipei 2,39%.

De leur côté, les Bourses continentales chinoises ont poursuivi leur mouvement de correction lié à des craintes d'une survalorisation du marché après des mois de hausse. Shanghaï a terminé en baisse de 3,34% et Shenzhen de 6,06%.