Le gouvernement grec, qui a envoyé samedi une délégation de haut niveau à Bruxelles, s'est dit prêt à trouver «un compromis difficile» avec ses créanciers, UE et FMI, pour assurer la poursuite du financement du pays et lui éviter le défaut de paiement.

«Si on arrive à un accord viable, même si le compromis est difficile, on va relever ce défi car notre seul critère est la sortie de la crise», a déclaré le premier ministre grec, Alexis Tsipras, lors d'une réunion vendredi soir avec ses collaborateurs. Ces propos ont été cités samedi dans un communiqué du gouvernement, montrant que la Grèce est disposée à faire éventuellement de nouvelles concessions.

«Nous aurons un accord», a assuré samedi matin à la télévision Skaï le ministre adjoint des Finances grec, Dimitris Mardas, soulignant que «le fait que la délégation grecque va à Bruxelles est un signe de bon augure».

Cette délégation est composée de Ioannis Dragassakis, le discret chef négociateur du gouvernement grec, d'Euclide Tsakalotos, le ministre adjoint aux Affaires étrangères, et de Nikos Pappas, le bras droit d'Alexis Tsipras. Selon une source européenne, elle devait se réunir à partir de la fin d'après-midi avec des représentants du FMI, de la BCE et du MES, le dispositif de gestion des crises financières de la zone euro.

La présence du FMI est d'autant plus importante que c'est avec l'institution de Washington, plus encore qu'avec ses autres créanciers, que le gouvernement grec doit s'entendre au plus vite. Le 30 juin, Athènes doit en effet rembourser 1,6 milliard d'euros de prêts du FMI, et des doutes subsistent sur sa capacité à honorer cette échéance sans le déblocage de 7,2 milliards d'euros restant à verser dans le cadre de son plan d'aide.

Or le versement de cette aide dépend de la mise en place de réformes sur lesquelles Athènes et ses créanciers s'écharpent depuis près de quatre mois.

Le FMI avait jeté un froid jeudi en affirmant que des différences «majeures» subsistaient et qu'un accord semblait encore loin. Il avait esquissé des pistes sur ce que devrait comporter un accord, notamment une réforme du système de TVA qui «permettrait de récolter des impôts supplémentaires représentant jusqu'à 1 % du PIB» grec.

Solution «mutuellement avantageuse»

Le principal point sur lequel se focalisent les négociateurs est le niveau de l'excédent budgétaire primaire (calculé hors du service de la dette), qui conditionne le montant des économies ou des recettes supplémentaires à réaliser dans le pays.

Les créanciers demandent qu'il atteigne 1 % cette année, et les Grecs ont proposé jusqu'ici 0,75 %. Selon le quotidien financier grec Naftéromporiki, ils pourraient proposer 0,9 %, un niveau qui serait obtenu en supprimant la réduction de TVA appliquée dans les îles grecques.

En échange, le gouvernement grec veut un accord «viable», c'est-à-dire la poursuite du financement du pays après l'expiration de son plan d'aide le 30 juin. Il espère notamment obtenir un accès à des fonds non utilisés, comme celui pour les banques (10,9 milliards d'euros). Les autorités grecques veulent aussi un engagement des créanciers à discuter d'une restructuration de la dette, qui devrait s'établir à 180 % cette année.

Les discussions pourraient durer plusieurs jours, mais le temps presse et l'idéal serait un accord d'ici jeudi, date de la prochaine réunion des ministres des Finances de la zone euro, qui devront l'entériner à l'unanimité. Certains parlements nationaux devront ensuite donner leur feu vert au déboursement de l'aide.

Devant l'urgence des échéances, la zone euro a discuté pour la première fois cette semaine de la possibilité que la Grèce fasse défaut, un sujet jusqu'ici tabou, et qui pourrait être le prélude au «Grexit», la sortie du pays de la zone euro.

Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a exhorté samedi sur la radio BBC 4 à travailler à une solution «mutuellement avantageuse» qui ne «joue pas sur le scénario d'une fragmentation» de la zone euro. «Je pense qu'aucun bureaucrate ou responsable politique européen ne s'engagera sur la voie» d'un défaut grec, a-t-il dit.

À Berlin, le ministère allemand des Finances a indiqué samedi qu'il «concentrait ses efforts sur un règlement» de la crise grecque, disant ne pas travailler à un plan en cas de défaut de paiement.