Le psychodrame grec va occuper les esprits et une bonne partie des discussions au sommet du G7 en Allemagne qui démarre ce dimanche, alors que les négociations entre Athènes et ses créanciers pour éviter au pays la faillite continuent de piétiner.

Avant de recevoir sous haute protection policière le reste de ses prestigieux invités au château d'Elmau, niché dans un décor de carte postale dans les Alpes bavaroises, la chancelière allemande Angela Merkel, hôte de la manifestation, s'entretiendra en tête-à-tête avec le président américain Barack Obama.

Les deux dirigeants doivent participer à une réception avec les habitants du village de Krün qui accueille le G7. En sortiront des déclarations et des images consensuelles célébrant l'amitié germano-américaine, dans une atmosphère de fête avec bière et bretzels.

Accueilli à Munich à sa descente de l'avion présidentiel Air Force One par des habitants en costume traditionnel, M. Obama entend insister auprès de ses interlocuteurs européens sur la nécessité de maintenir les sanctions contre la Russie, grande absente de ce sommet, accusée de soutenir la rébellion dans l'Est séparatiste de l'Ukraine.

À 9 h GMT (5 h, heure de l'Est), avant le début officiel du sommet qui réunit les dirigeants allemand, américain, canadien, britannique, français, italien et japonais, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et celui du Conseil européen Donald Tusk se soumettront aux questions des journalistes.

M. Juncker est un acteur clé du dossier grec, toujours enlisé en dépit d'âpres négociations cette semaine.

Faute d'avancées, le patron de la Commission a refusé samedi de prendre au téléphone le premier ministre grec, Alexis Tsipras. Celui-ci s'est en revanche entretenu avec Mme Merkel et le président français François Hollande en fin de journée «pour faire avancer les négociations», selon une source diplomatique.

Les États-Unis inquiets

La Grèce négocie depuis février avec la Commission européenne, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE) pour obtenir plusieurs milliards d'euros d'aides, dont elle a un besoin pressant notamment pour honorer des remboursements de précédents prêts internationaux, alors que ses caisses sont vides. Derrière la menace de défaut de paiement se profile celle d'une éviction de la zone euro.

Beaucoup des engagements de réformes que les institutions réclament à M. Tsipras vont à l'encontre de ses promesses électorales antiaustérité, et toute une aile de son parti de gauche radicale Syriza s'insurge contre de trop importantes concessions.

Ces derniers jours, propositions grecques et contre-propositions des institutions ont fait la navette, les dernières se voyant qualifiées d'«absurdes» par M. Tsipras, tandis que dans le camp de l'ex-«troïka» se faisait jour «lassitude» et «déception», selon une source européenne.

Les États-Unis s'inquiètent du risque que fait peser la Grèce sur une économie mondiale fragile, et appellent instamment les Européens à ne pas prendre inconsidérément le risque d'un «Grexit».

Une autre actrice clé du dossier, la directrice générale du FMI Christine Lagarde, sera de la partie au Château d'Elmau lundi. Le FMI a accepté de différer jusqu'à la fin du mois une échéance de remboursement due vendredi, mais campe par ailleurs sur une ligne dure, tout comme la BCE.

L'Ukraine, autre trouble-fête

Ce sont bien d'autres sujets que la présidence allemande avait mis à l'ordre du jour du sommet, au premier chef le climat, sur lequel l'Allemagne et la France aimeraient pouvoir envoyer un signal fort en direction de la conférence de Paris en décembre, sous forme d'engagements sur des réductions d'émissions de gaz à effet de serre.

Mais comme à l'habitude l'actualité va venir jouer les trouble-fête. Outre la Grèce, la situation en Ukraine, où après une relative accalmie les combats ont repris ces derniers jours, sera longuement évoquée. Le premier ministre japonais Shinzo Abe a fait escale à Kiev samedi, et s'est engagé, lors de sa présidence du G7 qui fera suite à celle de l'Allemagne, à faire «tout son possible pour trouver une solution pacifique» au conflit.

Le G7, réuni pour la deuxième année consécutive sans le président russe Vladimir Poutine, exclu du groupe depuis l'invasion de la Crimée en mars 2014, devrait appeler fermement au respect des accords de Minsk, feuille de route vers la paix sur laquelle les parties s'étaient mises d'accord en février dernier, sous l'égide de Mme Merkel et M. Hollande.