La Banque centrale européenne (BCE) a exhorté mercredi la Grèce à conclure un accord solide avec ses créanciers, et promis de continuer à soutenir la zone euro via des rachats massifs de dette, sans en ralentir le rythme.

«Le conseil des gouverneurs de la BCE veut que la Grèce reste dans la zone euro», a martelé le président de la banque centrale Mario Draghi lors de sa conférence de presse régulière à Francfort.

L'Italien, qui participe aux efforts déployés ces derniers jours pour arriver à un accord entre le gouvernement grec d'Alexis Tsipras et l'ex-Troïka (BCE, Fonds monétaire international, Commission européenne), a essuyé sur ce sujet un feu nourri de questions de la part des journalistes.

Tout en évoquant «une volonté commune et une forte détermination» pour trouver une solution, le gardien de l'euro a plaidé en faveur d'un «accord solide» et a maintenu une ligne dure vis-à-vis d'Athènes.

La BCE refuse tant que les négociations ne sont pas conclues de relever un plafond d'émission de bons du Trésor qu'elle impose à la Grèce. Elle a aussi fermé aux banques grecques ses opérations régulières de refinancement tant que l'horizon ne s'est pas éclairci et «nous n'en sommes pas encore là», a dit M. Draghi.

«Trajectoire ferme»

Le banquier central s'est en revanche engagé à continuer à déverser des montagnes de liquidités dans le circuit financier de la zone euro pour faire baisser les taux d'emprunt, et par ce biais relancer l'économie et l'inflation.

Pour stimuler la dynamique des prix, la BCE rachète depuis début mars de la dette privée et publique avec un programme baptisé «QE». Elle compte débourser plus de 1100 milliards d'euros d'ici fin septembre 2016.

Le programme, qui a permis l'achat de près de 240 milliards d'euros de titres, a reçu de nombreux éloges et ses débuts prometteurs ont alimenté les spéculations sur un arrêt avant terme ou une réduction de la voilure. Des options catégoriquement repoussées par M. Draghi.

S'il est besoin, «nous devrons peut-être revoir la taille, le calendrier ou les modalités du programme, mais jusqu'à présent franchement nous ne voyons aucun besoin de le faire», a déclaré M. Draghi, selon qui les derniers indicateurs de conjoncture confirment le besoin de maintenir «une trajectoire ferme de politique monétaire».

Les rachats de dette commencent à produire leurs effets sur l'économie réelle par le biais notamment de conditions de financement plus avantageuses et la banque centrale mise sur une accélération de la reprise économique actuellement à l'oeuvre en zone euro.

Mais la BCE est encore «vraiment loin» d'engager une réflexion sur une sortie de ce programme voire même sur un hypothétique ralentissement, a souligné M. Draghi.

Volatilité accrue

Pour lui, «il y a encore du chemin à faire» avant de retrouver un niveau d'inflation inférieur mais proche de 2% dans la région, l'objectif de la BCE. En mai, l'inflation dans la région est ressortie à 0,3% sur un an. Pour l'ensemble de 2015, l'institution table désormais sur une hausse des prix à 0,3%, selon ses prévisions actualisées communiquées mercredi.

M. Draghi a répété que la BCE entendait procéder à ses rachats de dette «au moins» jusqu'à fin septembre 2016, et que seule la «pleine réalisation» de son plan permettrait à ses projections macro-économiques - avec une inflation anticipée prévue à 1,8% en 2017 - de devenir réalité.

D'ici là, l'institution monétaire européenne n'exclut pas de possibles turbulences sur les marchés financiers, comme celles qui ont conduit depuis mi-avril à une remontée des taux obligataires européens. Ces mouvements, qui ont également affecté les marchés boursiers et des changes, ont été imputés par de nombreux observateurs entre autres à la politique de la BCE.

«Nous devrions nous habituer à des périodes de volatilité accrue», a prévenu M. Draghi.

Il a aussi répété son appel pressant aux gouvernements européens à s'atteler à des réformes structurelles de leurs économies, seul moyen d'assurer la pleine efficacité de ses efforts à lui.