La «troïka» (FMI, BCE, UE) des créanciers d'Athènes, François Hollande et Angela Merkel sont convenus lors d'une réunion lundi soir à Berlin de «travailler avec encore plus d'intensité» pour sortir de l'ornière la Grèce, au bord du défaut de paiement.

La directrice générale du Fond monétaire international Christine Lagarde et le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi ont rejoint en toute discrétion le président français et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui étaient reçus à dîner par Angela Merkel, officiellement pour parler d'économie numérique.

A l'issue de leur réunion, peu avant minuit, la chancellerie a indiqué que les cinq participants entendaient «travailler avec beaucoup d'intensité» à ce dossier et rester «en contact étroit les prochains jours», aussi bien «entre eux qu'avec le gouvernement grec».

En revanche, d'après une source diplomatique, ils n'ont pas appelé le Premier ministre grec Alexis Tsipras.

Selon le quotidien Die Welt, les cinq participants voulaient pourtant définir «une position commune» pour faire aux Grecs «une ultime offre», et M. Tsipras aurait dû recevoir «un coup de fil de la troïka».

Ce sommet impromptu est intervenu alors que les négociations piétinent entre la Grèce et ses créanciers, les membres de l'UE et le FMI. Ces derniers réclament des réformes concrètes pour améliorer la compétitivité de l'économie grecque, et des mesures d'économies budgétaires, avant de débloquer une dernière tranche d'aide de quelque 7,2 milliards d'euros, sur les 240 milliards d'euros consentis depuis 2010.

Responsabilité du blocage 

Vendredi, lors d'un G7 Finances à Dresde (Est), Washington avait appelé toutes les parties impliquées à «bouger» alors que l'éventualité d'un défaut de paiement dans les tout prochains jours a alimenté les spéculations sur une sortie de la Grèce de la zone euro.

Mais la Grèce et les créanciers continuaient de se renvoyer la responsabilité du blocage.

Alexis Tsipras a dénoncé «les solutions déraisonnables» que tentent d'imposer les institutions (UE, BCE, FMI) à son pays, les appelant à «des concessions», dans une interview dimanche au quotidien Le Monde.

Le commissaire européen Günther Oettinger, un Allemand proche de Mme Merkel, a exclu une percée dans une interview au quotidien Die Welt: «les désaccords sur des sujets centraux comme le marché du travail ou le système de retraites sont encore trop importants».

La question de l'immigration a semblé un temps s'inviter dans les discussions entre Mme Merkel, M. Hollande et M. Juncker, avant que les dirigeants du FMI et de la BCE ne les rejoignent.

Sur l'immigration, l'équilibre «n'est pas encore atteint» dans la proposition faite la semaine dernière par la Commission européenne pour accueillir les demandeurs d'asile dans l'UE, ont estimé dans la journée la France et l'Allemagne dans un communiqué commun.

Accueil des réfugiés «plus soutenable» 

La Commission européenne a demandé mercredi aux pays membres de l'UE de prendre en charge 40.000 demandeurs d'asile originaires de Syrie et d'Erythrée arrivés en Italie et en Grèce, ainsi que 20.000 réfugiés syriens. La répartition doit être calculée en fonction de la population et du PIB des États, de leur taux de chômage et du nombre de demandeurs d'asile déjà accueillis.

«Des discussions approfondies seront nécessaires au niveau européen» pour parvenir à cet équilibre entre «responsabilité» et «solidarité», ont estimé les ministres de l'Intérieur des deux pays, Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière. Selon eux, il faudrait «mieux prendre en compte les efforts déjà effectués».

«Actuellement, cinq États membres se partagent 75% des demandeurs d'asile: la France et l'Allemagne, la Suède, l'Italie et la Hongrie», ont-ils insisté, en affirmant qu'une telle situation «n'est plus soutenable».

Autre sujet probablement abordé lundi soir, mais dont il n'a rien filtré: les projets de réforme pour l'UE du Premier ministre britannique. David Cameron, qui va organiser d'ici à 2017 un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'UE, souhaite obtenir des concessions de ses partenaires pour une Union européenne moins bureaucratique, plus ferme sur l'immigration, avec une modification des traités.

Mme Merkel, déterminée à garder le Royaume-Uni dans l'UE, a jugé possible vendredi une telle modification des traités, alors que cette option fait figure de chiffon rouge dans plusieurs capitales européennes, dont Paris.