La Banque mondiale, comme le FMI récemment, a revu à la hausse lundi ses prévisions pour l'économie russe, tablant sur une contraction de 2,7% du produit intérieur brut cette année avant une croissance de 0,7% l'an prochain.

L'institution basée à Washington anticipait jusqu'à présent une baisse du PIB de 3,8% en 2015 et de 0,3% en 2016.

Dans un communiqué, l'économiste de la BM Birgit Hansl a expliqué ce changement par «l'ajustement des cours du pétrole ces deux derniers mois qui soutient le taux de change du rouble et permet un ralentissement un peu plus rapide de l'inflation».

«Cela peut permettre à la banque centrale de Russie d'assouplir sa politique monétaire plus rapidement d'ici à la fin 2015, réduisant les coûts de l'emprunt et augmentant les prêts aux entreprises et ménages», a-t-elle expliqué.

Après avoir plongé de moitié en six mois, les cours du pétrole (principale source de revenus avec le gaz pour la Russie), se sont stabilisés puis sont revenus autour de 60 dollars le baril contre moins de 50 dollars au plus bas en début d'année.

Face à un effondrement historique du rouble en décembre, conséquence des sanctions liées à la crise ukrainienne et de la chute des cours du pétrole, la Banque de Russie avait augmenté drastiquement son taux directeur à 17%. Mais le rebond du rouble au printemps permettant à l'inflation galopante de commencer à ralentir, elle l'a progressivement ramené depuis à 12,5%.

Ses responsables ont déjà indiqué qu'ils espéraient pouvoir procéder à un nouvel assouplissement lors de la prochaine réunion de politique monétaire le 15 juin, comme le demandent de manière très insistante les banques mises à rude épreuve par la baisse de l'activité du crédit et les entreprises à la peine pour se financer.

Aggravation en avril

Fin mai, le Fonds monétaire international avait lui aussi revu à la hausse ses pronostics, expliquant de son côté que le plan anti-crise du gouvernement (soutien aux banques, indexation des retraites, aide aux secteurs les plus touchés) avait permis de stabiliser la situation. Il prévoit une baisse de 3,4% du PIB cette année et une croissance pouvant atteindre 0,2% l'an prochain.

Le gouvernement russe prévoit de son côté une baisse de 2,8% cette année et un rebond de 2,3% en 2016, après une croissance de 0,6% en 2014.

Au premier trimestre, qui marque probablement l'entrée de la Russie en récession, le PIB s'est contracté de 1,9% par rapport à la même période un an plus tôt, un repli bien moins fort que ce que craignaient les économistes en début d'année.

L'activité a notamment été soutenue par le rouble faible et les dépenses dans le secteur de la Défense mais le pouvoir d'achat des ménages et la consommation chutent.

En revanche, les indicateurs publiés pour avril montrent que la crise monétaire et financière de fin 2014-début 2015 affecte de plus en plus profondément l'économie réelle et notamment la production.

Dans son rapport mensuel publié lundi, le ministère de l'Économie évalue ainsi la chute du PIB en avril à 4,2% par rapport au même mois un an plus tôt, contre 2,7% en mars.

«La phase la plus aiguë de la crise reste à venir», a prévenu lundi l'ancien ministre des Finances Alexeï Koudrine, très respecté dans les milieux économiques, interrogé par l'agence Interfax.

«La baisse du PIB au deuxième trimestre 2015 sera plus forte qu'au premier», a-t-il ajouté. «Au-delà, la situation peut se stabiliser et la baisse toucher à sa fin».