Le Fonds monétaire international (FMI), dans des prévisions publiées jeudi, se montre nettement moins pessimiste pour l'économie russe qui devrait retrouver la croissance dès l'an prochain grâce aux mesures prises par les autorités face à la crise.

Le Fonds ne prévoit plus qu'une contraction de 3,4% du produit intérieur brut cette année et anticipe une «faible reprise» pouvant atteindre 0,2% l'an prochain, alors qu'elle tablait jusqu'à présent sur une baisse de 3,8% cette année et de 1,1% en 2016. La croissance s'était élevée à 0,6% en 2014.

Un mois à peine après avoir assombri son pronostic, l'institution basée à Washington semble donner raison au président Vladimir Poutine qui ne cesse de répéter que l'effondrement économique attendu n'a pas eu lieu, en dépit de sanctions occidentales sans précédent liées à la crise ukrainienne. Et lui adresse un satisfecit.

«Les mesures prises par les autorités et le plan anti-crise ont contribué à stabiliser la situation», a déclaré lors d'une conférence de presse Ernesto Ramirez Rigo, à la tête d'une mission du Fonds en Russie.

«Les principaux risques sont liés au cours du pétrole (...) et bien sûr aux tensions géopolitiques, mais dans le même temps ils sont atténués par d'importantes protections» que constituent les réserves financières encore disponibles, a-t-il ajouté.

L'économie russe a vécu au début de l'année son premier trimestre de contraction en glissement annuel depuis 2009, affectant lourdement tous les pays de l'ex-URSS. Elle subit les conséquences de la violente crise monétaire qui l'a frappée fin 2014 en raison des sanctions occidentales et de la chute des cours du pétrole -- sa principale source de revenus avec le gaz.

Le pouvoir d'achat des ménages et la consommation ont plongé en raison de la flambée d'inflation tandis que les autorités ont dû dépenser une partie de leurs réserves pour soutenir le secteur financier ou réévaluer les retraites, tout en adoptant des mesures de coupes des dépenses budgétaires.

Les prévisions du FMI restent plus pessimistes que celles du gouvernement, qui table sur une baisse limitée à 2,8% en 2015. Après avoir rencontré les membres de la mission du FMI, le ministre des Finances Anton Silouanov a même estimé que le recul du PIB pourrait ne représenter que 2,5%. Il s'est félicité sur Twitter d'une «tendance à la stabilisation» dans le secteur financier.

Soulignant de «fortes incertitudes», le FMI appelle malgré tout Moscou à se montrer «prudent» aussi bien en termes de politique budgétaire que monétaire, notamment concernant la baisse progressive des taux menée par la banque centrale.

«Faibles» perspectives

La baisse du PIB russe au premier trimestre (-1,9% sur un an) s'est de fait révélée moins marquée qu'anticipé. Les économistes estiment que la production avait notamment été soutenue par le rouble faible et les dépenses publiques dans la Défense.

Pour Nikolaï Kondrachov, de la Haute École d'Économie de Moscou, «l'économie russe envoie actuellement des signaux contradictoires». «D'un côté, il est évident qu'une stabilisation est en cours dans le secteur financier (...), de l'autre, la situation du secteur réel continue de se dégrader», a-t-il expliqué dans un rapport.

Les statistiques publiées cette semaine révèlent notamment une brusque rechute de la production industrielle en avril.

Pour Charles Movit, économiste de la société de conseil IHS, la récession actuelle devrait «s'aggraver dans les trimestres à venir». «Même si certaines sanctions étaient affaiblies pour encourager la Russie à retirer son soutien aux séparatistes et préserver le cessez-le-feu des accords Minsk 2, certaines sanctions financières vont probablement rester en place», a-t-il jugé dans une note.

À long terme, le FMI prévient n'espérer qu'une «faible croissance» de 1,5% par an en moyenne, bien loin des 7% à 8% en moyenne des deux premiers mandats de Vladimir Poutine (2000-2008). Pour augmenter ce potentiel de croissance, selon l'organisation basée à Washington, Moscou doit «revigorer son programme de réformes structurelles et éviter de s'isoler de l'économie mondiale» alors que ses rapports avec les Occidentaux sont au plus bas depuis la fin de la Guerre froide en 1991.