L'Italie a renoué avec la croissance au premier trimestre, après trois ans de récession, et espère désormais récolter les fruits des réformes du gouvernement de Matteo Renzi en matière d'emploi mais reste aux prises avec une équation budgétaire serrée.

Le produit intérieur brut (PIB) de la troisième économie de la zone euro a crû de 0,3% au 1er trimestre, un chiffre supérieur aux attentes des économistes, selon une première estimation publiée mercredi par l'institut de statistiques Istat.

Cette nouvelle a été saluée à la Bourse de Milan, où l'indice principal FTSE Mib, qui était déjà dans le vert auparavant, a accéléré le pas et gagnait plus de 1% à la mi-journée.

Si l'Italie ne fait pas aussi bien que la France (+0,6%) en ce début d'année, il s'agit néanmoins de son meilleur chiffre de croissance depuis début 2011. Elle a au total enchaîné 14 trimestres de récession ou sans croissance, à la seule exception du 3e trimestre 2013 (+0,1%).

«L'Italie est sortie de la récession, de longues années de crise, qui ont provoqué un effondrement de 10% du PIB. Depuis quelques mois, les signaux d'inversion de tendance et de début de reprise sont très forts», avait anticipé mardi le patron de la banque Intesa Sanpaolo, Carlo Messina, dont le groupe a lui-même largement bénéficié de cette embellie.

La nouvelle devrait aussi mettre du baume au coeur du chef du gouvernement Matteo Renzi, en plein bras de fer avec une partie de la classe politique et de l'opinion, profondément rétives à ses réformes, en particulier le récent «Jobs Act» qui vise à libéraliser le marché du travail.

Le gouvernement n'avait cependant pas réagi à la mi-journée à l'annonce de sortie de récession.

Frémissement de l'emploi 

L'Italie, toujours selon l'Istat, devrait boucler l'année 2015 sur une croissance de 0,7%, qui pourrait s'accélérer encore les deux années suivantes mais fait toujours face à un taux de chômage très élevé (13% en mars, 43,1% chez les jeunes) qui entrave la confiance et la reprise.

«Les chiffres d'aujourd'hui montrent que la forte amélioration des indicateurs de confiance n'était pas une illusion d'optique. Ceux d'avril indiquent que l'optimisme s'étend aux services et à la distribution, ce qui est de bon augure pour la consommation des ménages. Mais pour que cela devienne un processus durable, il faudra plus de bonnes nouvelles du marché de l'emploi», estime ainsi Paolo Pizzoli, économiste de la Banque ING.

Un frémissement est pourtant peut-être en train de s'opérer. Selon des données publiées cette semaine par l'Institut national de la prévoyance sociale (Inps), les embauches en contrat à durée indéterminé ont nettement progressé au cours du premier trimestre 2015 tandis que les contrats temporaires sont en recul. Ces chiffres suggèrent «que la route est encore longue mais que la machine est repartie», a estimé M. Renzi.

Mais même ainsi, l'Italie ne semble pas au bout de ses peines, en particulier pour ce qui touche sa gigantesque dette publique (2.135 milliards d'euros soit 132,1% du PIB).

Le gouvernement a eu fin avril la désagréable surprise de voir la Cour constitutionnelle invalider une disposition de la réforme des retraites de 2011 ce qui devrait le contraindre à indemniser quelque 6 millions de retraités.

En cas de restitution complète, la facture pourrait monter à plus de 17 milliards d'euros, selon la presse italienne, et menace la prévision du gouvernement d'un déficit public de 2,6% du PIB cette année.

Cette épineuse question a été abordée ces derniers jours à Bruxelles, où les comptes de l'Italie sont suivis de près. Une solution est en cours d'élaboration et sera rendue publique «dans les prochains jours», a fait savoir le ministre de l'Économie, Pier Carlo Padoan.

«Nous trouverons un moyen de rester dans les clous des règles européennes, nous trouverons une solution nous permettant d'être crédibles comme nous l'avons été jusqu'ici», a assuré mardi M. Renzi.