La Grèce a engagé la procédure de remboursement de 750 millions d'euros dus mardi au FMI en puisant, sur proposition de la Banque de Grèce (BdG), dans un «fonds d'urgence» de l'institution dédié «aux besoins extraordinaires», a annoncé mardi à l'AFP une source de la Banque de Grèce.

«Il s'agit d'une initiative du gouverneur de la BdG, Yannis Stournaras, pour sortir de l'impasse», a indiqué cette source.

Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, avait averti lundi, au sortir d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro, que «la question des liquidités était terriblement urgente» pour la Grèce, le pays risquant d'être à court de liquidités d'ici à «deux semaines», faute d'accord avec ses créanciers.

Le gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras a ainsi été informé la semaine dernière, par le gouverneur de la BdG, Yannis Stournaras, qu'il pouvait recourir aux 660 millions d'un compte spécial de l'institution dédié «aux besoins extraordinaires».

Deux réunions avec l'entourage du premier ministre et une consultation du FMI ont permis de déclencher cette procédure et de débloquer l'argent réservé aux situations «très sérieuses», a précisé cette source.

Le compte auquel la Grèce a eu recours est obligatoire pour chaque État membre du FMI et il contient des capitaux «réserves», a précisé la source de la Banque de Grèce. «C'est pourquoi Yannis Stournaras a dû demander l'autorisation du Fonds pour l'utiliser». Selon des experts, les capitaux utilisés doivent être reconstitués dès que possible.

Ce n'est pas la première fois qu'Athènes a recours à cette réserve mais il s'agissait les fois précédentes de montants «moins importants», a expliqué cette source sans toutefois préciser si les autres opérations avaient eu lieu pendant la crise ou avant son déclenchement en 2010.

Le reste des 750 millions dus au FMI, dont l'ordre de paiement a été donné lundi, a été apporté par l'État grec.

Ancien ministre des Finances du précédent gouvernement de coalition droite-socialistes (2012-2014) en pleine crise grecque, Yannis Stournaras a été nommé en juin 2014 gouverneur de la BdG pour un mandat de cinq ans.

Des voix au sein de la gauche radicale grecque Syriza, au pouvoir depuis janvier 2015, souhaiteraient sa démission.

«Ce n'est qu'en avril que nous avons appris de la directrice du FMI, Christine Lagarde, l'existence de ce compte et Yannis Stournaras ne nous a informés à ce propos que ces derniers jours», a déploré mardi Dimitris Vitsas, député Syriza, à la radio municipale d'Athènes 9,84.

Le gouverneur de la BdG «n'agit pas de façon utile», a-t-il ajouté.

Dans un communiqué distinct, le gouvernement grec a indiqué mardi qu'un total de 600,3 millions d'euros avaient été déposés sur les comptes de la BDG par les collectivités locales et les organismes publics après l'arrêté du gouvernement leur imposant ce transfert de leurs réserves de fonds afin que l'État puisse emprunter pour couvrir ses besoins à court terme.

Athènes est à court d'argent en raison de la stagnation des négociations avec ses créanciers, UE et FMI, et du retard pris dans le versement de la dernière tranche de 7,2 milliards d'euros de prêts accordés.