Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a assuré samedi que la Grèce pouvait se passer d'un nouveau prêt si la dette de son pays était restructurée, ce à quoi s'opposent fermement ses créanciers.

La Grèce «peut s'en sortir (sans un nouveau prêt). L'une des conditions cependant est une importante restructuration de la dette», a affirmé M. Varoufakis dans une interview au quotidien de centre gauche Efimerida ton Sindakton.

Le gouvernement dirigé par la gauche radicale Syriza a été élu en janvier en promettant notamment une réduction de 50% de la dette du pays (qui s'élève à 175% du PIB), dans le but de consacrer les fonds destinés au remboursement des obligations à la relance économique du pays.

Les créanciers internationaux de la Grèce avaient toutefois clairement indiqué que cette réduction n'aurait pas lieu.

Le FMI et l'Union européenne avaient accepté une restructuration partielle de la dette publique en 2012 pour permettre à Athènes d'assainir ses finances publiques.

Pour apaiser des discussions tumultueuses avec ses partenaires, le gouvernement anti-austérité a progressivement abandonné le terme «haircut» («coupe de cheveux») de sa rhétorique, une expression désignant la réduction draconienne du principal de sa dette que Syriza voulait obtenir des créanciers publics de la Grèce.

Varoufakis lui-même, toutefois, assure que la dette n'est pas soutenable et n'est pas dans l'intérêt des créanciers de la Grèce.

Athènes, qui n'a plus obtenu un sou de ses créanciers depuis l'automne dernier, attend désespérément le déblocage de 7,2 milliards d'euros des fonds de sauvetage promis par le FMI et l'UE dont le pays a besoin pour éviter un défaut de paiement et une éventuelle sortie de l'euro.

Interrogé samedi pour savoir s'il y avait eu des discussions «dans les coulisses des négociations» à propos d'une réduction de la dette, le très controversé ministre grec a répondu par l'affirmative.

M. Varoufakis, dont le style abrasif agace ses pairs européens, les a décrits comme des «partenaires divergents».

Ce sont «des partenaires gouvernés par la peur qu'ont provoquée la crise et  la +solution+ de la crise dont tout le monde, au fond, sait qu'elle est instable et encline à conduire à de nouveaux problèmes», a-t-il ajouté.

Il a mis en garde : «si la zone euro ne change pas, elle va mourir», jugeant qu'«aucun pays, pas seulement la Grèce, n'aurait dû rejoindre un système monétaire commun si bancal».

Le ministre a également qualifié de mensonges les qualificatifs de «parieur», «amateur» et «aventurier» rapportés par la presse et que ses partenaires européens auraient prononcés contre lui lors d'une réunion tendue de l'Eurogroupe à Riga la semaine dernière.

Le gouvernement grec continue de refuser les exigences de l'Eurogroupe, alors même que Athènes a besoin des fonds bloqués pour assurer le fonctionnement quotidien de l'État et honorer une série de remboursements de prêts cet été.