Les Grecs doivent adapter leurs demandes à la réalité, a affirmé mardi le chef de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, assurant néanmoins que le remaniement de l'équipe grecque serait bénéfique pour les négociations.

«Il existe beaucoup d'incompréhension sur le fait que (les négociations, NDLR) durent aussi longtemps: s'ils n'ont pas d'argent pour financer tous leurs voeux, les Grecs doivent adapter ces voeux à la réalité», a déclaré M. Dijsselbloem, également ministre des Finances aux Pays-Bas, à la télévision néerlandaise RTL-Z.

«La réalité, c'est qu'il y a peu d'argent et que, sans aide, la Grèce, en ce moment, ne s'en sortira pas», a-t-il ajouté.

Même si cela ne règle pas en soi les problèmes entre la Grèce et ses créanciers, la nomination d'un nouveau coordinateur de l'équipe de négociations grecque est une bonne nouvelle.

«Il ne s'agit pas uniquement des Finances, mais également de l'Énergie, de la Justice, des Affaires étrangères... C'est tellement large que nous avions besoin d'un lien direct, sous la responsabilité du premier ministre», a-t-il ajouté.

Mais très peu de progrès ont été enregistrés au cours des deux derniers mois, «parfois même des marches arrière», a-t-il regretté.

«Un nouveau dispositif est mis en place avec des hommes qui dépendent directement du premier ministre et c'est bien que ce soit le premier ministre qui s'implique directement, qui coordonne la négociation», a renchéri le commissaire européen, Pierre Moscovici lors d'un entretien à la chaîne de télévision Arte, jugeant cette nouvelle structure «plus satisfaisant(e)».

«Il faut maintenant que nous arrivions à un accord (et) que ce nouveau dispositif montre son efficacité dans la réalité», a-t-il poursuivi mardi. «Pour le moment, je vois surtout qu'on a du mal à embrayer sur des choses concrètes. Ce n'est pas encore assez concret».

Le premier ministre grec Alexis Tsipras avait fait part de sa conviction, dans la nuit de lundi à mardi, qu'un accord serait trouvé avec les créanciers début mai «au plus tard».

Il a encore avancé que si les créanciers poussaient son gouvernement vers un accord en contradiction avec ses promesses électorales, la question serait tranchée par référendum.

Un tel référendum n'est pas dans l'intérêt du pays, selon M. Dijsselbloem : «cela coûterait de l'argent, créerait une grande incertitude politique et je ne pense pas que nous ayons le temps, ni que les Grecs aient le temps».

La Grèce a désespérément besoin actuellement d'obtenir les 7,2 derniers milliards d'euros promis par l'UE dans le cadre du deuxième plan d'aide au pays, mais les discussions achoppent depuis janvier sur la réticence du nouveau gouvernement de gauche radicale à accepter de nouvelles réformes difficiles pour les Grecs.

La prochaine réunion des ministres des Finances de la zone euro doit se tenir le 11 mai à Bruxelles, mais avant cela, Athènes doit s'acquitter le 1er mai d'un remboursement de 200 millions d'euros.

«Les contacts se sont intensifiés» entre la Grèce et ses créanciers depuis la réunion des ministres des Finances à Riga «et ont permis de faire des progrès», a indiqué mardi Annika Breidthardt, une porte-parole de la Commission européenne.