La zone euro a exhorté lundi la Grèce à passer à la vitesse supérieure dans la mise en place de réformes, condition sine qua non pour obtenir l'argent dont elle a cruellement besoin mais qui n'a aucune chance d'être déboursé dans l'immédiat.

«L'horloge tourne», a averti le chef de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, jugeant insuffisants les efforts de la Grèce pour se réformer. «Très peu de progrès ont été faits en deux semaines», a-t-il lancé à son arrivée à une réunion des ministres des Finances de la zone euro. «Il faut cesser de perdre du temps et commencer à discuter sérieusement».

En vertu de l'accord trouvé fin février, la Grèce doit plancher sur une liste de réformes qui doit ensuite être «précisée et validée» par ses créanciers (UE, BCE et FMI) d'ici fin avril, afin d'obtenir le déblocage de l'aide en suspens depuis des mois, soit quelque 7 milliards d'euros.

En l'état, le plan de réformes proposé par Athènes est «loin d'être complet» pour M. Dijsselbloem, qui évoque toutefois des propositions «sérieuses» de la part des autorités grecques.

Le gouvernement d'Alexis Tsipras a fait parvenir en fin de semaine dernière la liste détaillée des réformes qu'il entend mettre en oeuvre en priorité. Elles vont de la réactivation d'un conseil fiscal «indépendant» pour assister le gouvernement à des mesures sociales pour les plus vulnérables, en passant par l'embauche de contrôleurs fiscaux ou la mise en vente de licences pour les sociétés de jeux en ligne.

Aucun versement de fonds n'est attendu dans l'immédiat. La «précondition» est une «conclusion des discussions avec la troïka et un avis positif de ces institutions», a rappelé lundi le secrétaire d'État allemand aux Finances, Steffen Kampeter.

«Agir vite plutôt que parler beaucoup»

Problème: la Grèce fait face à de très lourdes échéances financières en mars, à hauteur de six milliards d'euros. Le gouvernement a toujours affirmé qu'il serait en mesure de rembourser ses dettes alors que la presse fait état d'un retard de deux milliards d'euros dans les recettes de l'État. Une situation qui inquiète.

«Nous devons faire attention à ce que la situation ne continue pas à se détériorer en Grèce», a déclaré dimanche le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. «Ce qui m'inquiète, c'est que tout le monde n'a pas encore compris, au sein de l'Union européenne, le sérieux de la situation en Grèce», a-t-il affirmé dans un entretien dans la presse allemande.

M. Juncker doit rencontrer vendredi matin le premier ministre grec, Alexis Tsipras, à Bruxelles.

En attendant, l'heure n'était pas à l'empathie lundi. Le ministre allemand, Wolfgang Schäuble, a jugé que la Grèce n'était «pas le principal sujet du jour». Son homologue luxembourgeois, Pierre Gramegna, a affirmé qu'il valait «mieux agir vite que parler beaucoup», dans une pique au ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, dont le style iconoclaste et les déclarations fracassantes irritent en Europe.

Dimanche, M. Varoufakis avait agité la menace de nouvelles élections, ou d'un référendum, si la zone euro n'acceptait pas les principales réformes proposées par la Grèce. Plusieurs responsables grecs se sont toutefois employés lundi à faire retomber la pression. M. Varoufakis n'a fait aucune déclaration à son arrivée à Bruxelles.

La Grèce avait déjà menacé d'un référendum sur le plan de sauvetage en novembre 2011, provoquant un mouvement de panique sur les marchés financiers et la colère de ses partenaires européens, ce qui avait entraîné la chute du premier ministre socialiste Georges Papandreou.

La réunion des ministres des Finances de la zone euro se tenait lundi alors que la BCE a donné le coup d'envoi de ses rachats massifs de dette publique sur les marchés, mesure phare d'un vaste programme destiné à redynamiser l'économie de la zone euro.