La Banque d'Angleterre a, comme attendu, maintenu jeudi son taux directeur au niveau exceptionnellement bas de 0,50% auquel il est fixé depuis six ans et laissé inchangé le montant total de son programme de rachats d'actifs.

Comme à son habitude, la banque centrale britannique n'a pas fait de commentaire sur cette décision, renvoyant les observateurs en quête d'indices sur l'économie britannique à la publication le 18 mars des minutes de la réunion de deux jours du Comité de politique monétaire (CPM) achevée ce jeudi.

Le CPM a ainsi laissé inchangé, à 375 milliards de livres (516 milliards d'euros), le montant total de son programme de rachats d'actifs, dit d'«assouplissement quantitatif», lancé en mars 2009 et épuisé depuis novembre 2012.

«La décision du CPM de ne rien faire ce jeudi, pour le sixième anniversaire des taux d'intérêt à leur niveau exceptionnellement faible de 0,5%, devrait se répéter sur les mois à venir, tant que l'inflation tourne autour de zéro», a estimé Samuel Tombs, économiste chez Capital Economics.

En effet, l'inflation au Royaume-Uni a de nouveau ralenti au mois de janvier pour atteindre un plus bas historique, à 0,3%.

Et la banque centrale britannique a prévenu le mois dernier que les prix pourraient connaître une période de baisse au printemps.

Mais la Banque d'Angleterre estime que ce mouvement devrait être de courte durée, et plutôt bienvenu car le ralentissement voire la baisse des prix devrait stimuler la consommation. Elle juge donc qu'une telle situation ne nécessiterait pas de baisse de taux, principale arme monétaire dont dispose une banque centrale pour contrer un risque de déflation.

Ainsi, «il est fort probable que cette décision de laisser les taux inchangés a été prise à l'unanimité» des neuf membres du CPM, a noté Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

Outre la perspective de voir l'inflation continuer de ralentir voire de se transformer en baisse des prix, la prudence de la Banque centrale est renforcée par le fait que se profilent des élections législatives au Royaume-Uni.

«La Banque d'Angleterre ne va pas vouloir envoyer des signaux forts (sur les perspectives de sa politique monétaire, NDLR) avant les élections du 7 mai étant donné que l'issue du scrutin elle-même risque de générer des incertitudes», a expliqué James Knightley, économiste chez ING.

Cependant, la vigueur de la reprise économique au Royaume-Uni pourrait pousser la Banque d'Angleterre a relever son taux directeur dès novembre, selon M. Knightley, ou début 2016, selon d'autres économistes.