La Chine prévoit une croissance réduite à «environ 7%» pour 2015, a annoncé jeudi le premier ministre chinois Li Keqiang en ouvrant les travaux de la session annuelle du Parlement chinois, qui mettront un frein à l'augmentation des dépenses militaires.

Placés cette année sous la bannière de la lutte anti-corruption et de l'invocation d'un «gouvernement respectueux de la loi», les travaux des 2907 délégués de l'Assemblée nationale populaire (ANP) ne devraient pas déroger à la règle: faire chorus avec les décisions déjà prises par le Parti communiste chinois (PCC), grand maître de cette chambre d'enregistrement du parti unique.

Dans l'enceinte solennelle du Palais du peuple, sur la place Tiananmen, Li Keqiang, 59 ans, chef du gouvernement depuis mars 2003, a confirmé le ralentissement de la deuxième économie mondiale en annonçant une croissance «d'environ 7%» pour 2015.

«Pressions à la baisse»

Un chiffre attendu, après les 7,4% de l'an dernier et une perte de vitesse pour la locomotive chinoise sans précédent depuis 25 ans: «Dans notre pays, les pressions à la baisse sur l'économie s'accentuent», même si sa «capacité de rebond, son potentiel de développement, sa marge de manoeuvre restent immenses», a dit M. Li.

Dans un discours de plus de 90 minutes, dont les autorités ont fait savoir à l'avance qu'il avait été soigneusement relu par le président Xi Jinping, le chef du gouvernement a décliné le catalogue des objectifs économiques et sociaux de la Chine pour l'année à venir.

Due à un environnement économique intérieur et international «compliqué et difficile», a dit le premier ministre, cette croissance plus modérée doit permettre «l'édification de la société de moyenne aisance», plus orientée vers la consommation et les services -- «nouveaux moteurs de relance» -- que vers les grands travaux d'infrastructure.

Puissance exportatrice, «l'atelier du monde» va promouvoir la «montée en gamme de son commerce extérieur», a prévenu M. Li, et favoriser les investissements étrangers «en réduisant de moitié le nombre de secteurs dont l'accès fait l'objet de restrictions».

Également deuxième puissance militaire mondiale derrière les États-Unis par ses budgets alloués à la défense, la Chine va toutefois marquer une légère pause en n'accordant que 10,1% d'augmentation en 2015 à ses dépenses militaires, contre 12,2% l'an dernier, selon le rapport financier remis à la presse.

Cette restriction budgétaire intervient à l'heure où l'Armée populaire de libération (APL) traverse une grave crise en raison de multiples affaires de corruption et le premier ministre a tenu à réaffirmer à cette occasion «la direction absolue du Parti communiste chinois sur les forces armées».

Une bonne dizaine de généraux, dont certains au sommet de la hiérarchie, sont actuellement sous enquête ou inculpés, tandis que le reste de l'armée fait l'objet d'un gigantesque audit.

Les efforts consacrés à la modernisation de l'APL -- dotée désormais de son premier porte-avions -- suscitent de réelles inquiétudes dans les pays voisins impliqués dans des querelles territoriales avec Pékin, notamment le Japon, les poussant à renforcer leurs accords de défense avec Washington.

Discret sur la corruption

Alors que la campagne anti-corruption fait rage dans le pays, Li Keqiang s'est toutefois montré avare de détails sur les remèdes à ce mal qui menace, selon le président Xi Jinping, l'avenir du parti unique et du régime.

«Pour assurer la probité des membres du Parti et des serviteurs de l'État, nous avons renforcé l'inspection administrative et les audits» -- une pratique qui s'est étendue à d'innombrables entreprises et administrations, a déclaré M. Li, se félicitant que les infractions aient été poursuivies «impitoyablement».

«Notre diplomatie a volé de succès en succès», a encore affirmé le chef du gouvernement, citant le sommet de l'Apec à Pékin en novembre, la participation du président Xi Jinping au G20 ou les progrès dans «la réalisation de la ceinture économique de la route de la Soie et de la route de la Soie maritime du XXIe siècle».

Le Tibet et le Xinjiang, les deux immenses régions de l'Ouest chinois où la contestation de la tutelle de Pékin est sévèrement réprimée, vont célébrer cette année leur entrée dans le giron chinois -- depuis 50 ans pour le Tibet et 60 ans pour le Xinjiang, a indiqué M. Li, assurant que «la nation chinoise connaîtra prospérité et bonheur grâce à la bonne entente nationale».

Et de conclure sur le traditionnel: «Unissons-nous donc étroitement autour du Comité central du Parti avec comme secrétaire général le camarade Xi Jinping.»