Ça va de mal en pis pour les pays du BRIC, les ex-champions de la croissance économique mondiale.

Trois membres de ce club naguère prestigieux - le Brésil, la Russie et la Chine - en arrachent en ce début 2015: exportations en baisse, repli de la consommation, chute des investissements, etc. Si bien que l'Inde, dont l'avenir inspire toujours la confiance, voudra peut-être se distancer du groupe pour former son propre club sélect, l'«I», ironisent des économistes.

À l'inverse, les membres du désormais surnommé «BR-C» suscitent une inquiétude grandissante. À tel point que diverses sources parlent d'un «exode» de capitaux et des gens fortunés en Chine, en Russie et même au Brésil.

Les Américains quittent la Chine

Ainsi, dans une nouvelle étude, le spécialiste américain des relocalisations de personnel UniGroup Relocation fait état d'une ruée vers la porte de sortie de la part des expatriés installés en Chine.

Sur l'ensemble de 2014, les cadres étrangers ayant quitté la Chine ont été deux fois plus nombreux que ceux qui se sont installés dans la deuxième économie mondiale.

Selon UniGroup, les demandes de déménagement des Américains vers la Chine ont plongé de 22% l'an dernier. Résultat: l'empire du Milieu a chuté au septième rang mondial parmi les destinations choisies par les expatriés américains. Le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Japon occupent les trois premières places de ce palmarès.

Pour expliquer ce phénomène, UniGroup évoque le ralentissement économique en Chine et la hausse des coûts de main-d'oeuvre, qui obligent des entreprises à redéployer leurs effectifs et leurs activités ailleurs en Asie, notamment à Singapour. D'autres experts pointent la pollution extrême dans plusieurs villes chinoises, qui fait fuir les étrangers.

Russie: 150 milliards US et ça continue

Entre-temps, le compteur de la fuite des capitaux en Russie continue à tourner et vient de passer la marque des 150 milliards US en 2014.

Les sorties de fonds ont plus que doublé l'an dernier, avec 73 milliards US au seul quatrième trimestre, calcule la Banque centrale de Russie. L'effondrement du rouble - environ 40% en un an - contribue à ce mouvement, tout comme les rumeurs de contrôle des capitaux par le Kremlin.

Plusieurs vont apprécier l'ironie de cette situation: les Russes ont beau appuyer massivement les tactiques du président Vladimir Poutine en Ukraine, selon des sondages, ils votent exactement le contraire avec leur portefeuille...

Selon les statistiques officielles, 203 000 personnes ont aussi quitté le pays - pour de bon - au cours des neuf premiers mois de 2014, contre 186 382 tout au long de 2013 et 33 578 en 2010.

Si bien que diverses sources rapportent que les grandes fortunes russes sont très actives sur le marché immobilier à Londres et à New York.

Les demandes internet depuis la Russie, auprès de l'agence britannique Knight Frank, ont bondi de 75% en 2014 en ce qui a trait à la recherche de locaux commerciaux en Europe, et de 10% pour l'immobilier résidentiel.

Pour sa part, le New York Times rapportait jeudi que les achats de résidences cossues à Manhattan par des Russes sont en forte hausse, pendant que le Financial Times parle d'une ruée d'acheteurs russes sur le très cher marché londonien.

Brésil: le real plonge, les riches fuient

Le carnaval de Rio de Janeiro bat son plein ces jours-ci, mais beaucoup de Brésiliens n'ont pas le coeur à la fête.

Et pour cause: le real est en chute libre, avec un plongeon de 10% en seulement 10 jours contre le billet vert américain. La monnaie du Brésil est tombée jeudi à un creux de 10 ans, alors qu'on apprenait que les ventes de détail au pays ont chuté de 2,6% en décembre. Le commerce intérieur a ainsi connu en 2014 sa pire performance en 11 ans.

Sans compter que l'inflation est à un sommet de 12 ans, les exportations diminuent et l'endettement des ménages est à un record...

Résultat: beaucoup de Brésiliens s'inquiètent de l'avenir économique et cherchent un refuge hors du pays. Selon un récent reportage du Wall Street Journal, les Brésiliens sont de plus en plus nombreux à acheter des maisons en Floride et même à demander un permis de travail ou de résidence aux États-Unis.

De l'avis des courtiers et des chambres de commerce locales, Miami est une destination prisée des Brésiliens, de même qu'Orlando, Boston et New York. Quelque 300 000 Brésiliens vivent aujourd'hui en Floride.