Aidée par la baisse de l'euro et du pétrole, la zone euro va un peu mieux que prévu, mais elle est désormais en déflation, rendant plus que jamais nécessaire l'action de la Banque centrale européenne (BCE).

Selon les prévisions d'hiver de la Commission européenne publiées jeudi, la croissance des 19 pays de l'Union monétaire devrait être de 1,3% en 2015 et de 1,9% en 2016. Bruxelles tablait à l'automne sur 1,1% et 1,7%.

Dans le même temps, les prix devraient reculer de 0,1% en moyenne sur l'année, avant de repartir à la hausse (+1,3%) en 2016. Phénomène caractérisé par une baisse des prix sur une période prolongée, la déflation entraîne des risques pour la croissance en pesant à la fois sur les salaires et la consommation, un scénario noir auquel l'exécutif européen ne croit pas vraiment.

Consciente des risques pesant sur la zone euro, la BCE a lancé en début d'année un programme massif de rachats de dette publique et privée, à hauteur de 60 milliards d'euros chaque mois à partir de mars et jusqu'à fin septembre 2016 au moins. Un geste sans précédent qui a éclairci le ciel de la zone euro, a souligné la Commission. D'autant que, parallèlement, les prix du pétrole se sont effondrés, apportant un ballon d'oxygène aux ménages et aux entreprises, et l'euro s'est nettement déprécié, favorisant les exportations.

Sans ces développements, «la situation économique se serait détériorée depuis l'automne», date des dernières prévisions économiques de la Commission.

De manière générale, c'est la consommation qui continue de tirer la croissance, et dans une moindre mesure les exportations. L'investissement reste en revanche insuffisant. La Commission européenne a lancé un vaste plan d'investissement destiné à mobiliser 315 milliards d'euros pour les investissements, mais ses effets ne devraient pas se traduire avant 2016.

Situation contrastée

La situation reste très contrastée selon les pays. Après une croissance de seulement 0,4% en 2014, la France devrait voir sa situation s'améliorer avec une progression de son PIB de 1,0% cette année (contre 0,7% prévu à l'automne), puis 1,8% en 2016 (contre 1,5% prévu précédemment).

En récession en 2014, l'Italie devrait avoir du mal à émerger: la Commission table sur une croissance de 0,6% cette année, puis de 1,3% l'an prochain.

Première économie de la zone euro, l'Allemagne devrait continuer de jouer son rôle de moteur avec une croissance prévue de 1,5% et de 2% l'an prochain. En novembre, Bruxelles se montrait moins optimiste et tablait sur 1,1% cette année, puis 1,8% en 2016.

L'Irlande devrait caracoler en tête des pays de la zone euro avec une croissance de 3,5% cette année, puis de 3,6% l'an prochain. Chypre, en récession en 2014, devrait redémarrer avec une hausse du PIB de 0,4% cette année puis de 1,6% l'an prochain. Les deux pays ont été violemment touchés par la crise de la dette et ont dû bénéficier d'un programme d'assistance financière, notamment pour soutenir leurs banques.

La Grèce doit confirmer son rétablissement avec 2,5% cette année puis 3,6% en 2016.

Malgré ces signaux positifs, «il y a toujours beaucoup de travail à faire pour que cela se concrétise au niveau de l'emploi, qui reste une réalité insaisissable pour des millions d'Européens», a estimé le commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. Les créations d'emplois se sont accélérées, mais le chômage reste à un niveau élevé, à 11,2% cette année, selon la Commission qui le voit passer sous la barre des 11% en 2016. Mais le taux reste au-dessus de 20% en Espagne et plus encore en Grèce.

Fidèle à sa ligne, la Commission européenne invite les États à ne pas relâcher leurs efforts en matière de réduction des déficits et de réformes. «Nous devons accélérer le rythme des réformes pour conforter la reprise et s'assurer que cela se traduise par de l'argent dans les poches des citoyens», a estimé le vice-président de la Commission responsable de l'Euro, Valdis Dombrovskis.