La banque centrale de Russie a abaissé à la surprise générale vendredi son taux directeur à 15% contre 17% depuis décembre, expliquant vouloir, avec une politique monétaire plus souple, atténuer la lourde récession prévue dans les mois à venir.

Cette annonce a été aussi suivie d'une chute du rouble à des niveaux plus vus depuis le mardi noir du 16 décembre, quand la monnaie russe avait subi un plongeon inédit en 15 ans de pouvoir de Vladimir Poutine.

L'euro s'envolait au-delà du seuil de 80 roubles, à 81,37 roubles vers 6h00 (heure de l'Est), et le dollar des 70 roubles, à 71,67 roubles.

Totalement inattendue, «la décision vise à prévenir une chute importante de l'activité dans un contexte de facteurs extérieurs négatifs», a expliqué la Banque de Russie dans le communiqué diffusé à l'issue de sa réunion régulière de politique monétaire.

L'institution, qui semble faire référence aux sanctions occidentales liées à la crise ukrainienne ainsi qu'à la chute des cours du pétrole, prévoit une chute de 3,2% du produit intérieur brut au premier semestre, après une croissance évaluée à 0,6% en 2014.

La hausse du taux directeur de 10,5% à 17%, un niveau jugé intenable pour l'endettement des ménages et des entreprises, avait été annoncée au milieu de la nuit du 15 au 16 décembre.

Le rouble, après des mois de dépréciation sur fond de crise ukrainienne et de chute des cours du pétrole, venait alors de subir un plongeon historique. La panique gagnait la population qui retirait massivement des fonds des banques, qui pour les convertir en devises, qui pour acheter de manière frénétique téléviseurs, automobiles ou meubles en prévision de hausses de prix.

Cette hausse drastique «a conduit à une stabilisation des attentes d'inflation et de dépréciation (de la monnaie, NDLR) comme l'attendait la Banque de Russie», a estimé cette dernière.

«L'accélération actuelle de l'inflation est provoquée par un ajustement rapide des prix à la dépréciation du rouble, ce qui constitue un facteur temporaire», a-t-elle cependant assuré.

À plus long terme, «les pressions inflationnistes vont être contenues par la baisse de l'activité économique», a poursuivi l'institution, qui prévoit un retour du taux annuel d'inflation sous 10% d'ici à la fin de l'année.

Le taux annuel d'inflation a dépassé 11% fin 2014 et il pourrait selon les autorités dépasser 15% au printemps.