Les politiques de remboursement du Fonds monétaire international (FMI), qui contriburaient à gonfler la dette des pays en voie de développement, auraient alimenté la crise de l'Ebola dans les pays africains concernés, en entravant l'accès aux soins de santé.

C'est du moins les conclusions d'une étude réalisée par des chercheurs britanniques, qui paraîtra dans The Lancet Global Health au mois de janvier. Selon ses auteurs, les conditions de prêts de l'organisation internationale ont empêché la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia de se doter de moyens efficaces pour contrer l'éclosion du virus, qui causé la mort de près de 8000 personnes jusqu'à maintenant.

Les prêts du FMI sont versés seulement si les pays mettent en place des programmes d'austérité, selon les auteurs de l'étude, poursuivant des objectifs économiques à court terme qui ne permettent pas des investissements en santé sur le long terme.

L'étude, menée par le professeur de sociologie à l'Université de Cambridge Alexander Kentikelenis, cite en preuve les conditions de prêts, octroyés sur 21 ans pour la Guinée, sur sept ans pour le Liberia et sur 19 ans pour la Sierra Leone.

Selon les professeurs, le FMI aurait joué un rôle dans l'établissement des systèmes de santé trop peu financés, mal préparés à affronter les épidémies et en manque de personnel-ce qu'ils considèrent comme une cause importante dans la propagation si rapide du virus dans la région. La décentralisation des soins de santé, prônée par le FMI, aurait aussi ralenti tout le processus pour résoudre la crise.

Le FMI a nié ces allégations, mentionnant un rapport de la Banque centrale, qui, au contraire, reconnaissait les retombées positives de l'aide sur les systèmes de santé dans ces pays. De plus, les dépenses en santé auraient augmenté selon le produit intérieur brut (PIB). L'organisation a ajouté qu'elle travaillait à offrir aux pays des mesures d'allégement de la dette.

Le FMI a en outre rappelé qu'il avait versé 430 millions de dollars pour contribuer à la lutte contre l'Ebola en Afrique de l'Ouest.

Les chercheurs concèdent toutefois que les guerres civiles au Liberia et en Sierra Leone peuvent aussi avoir entraîné la détérioration des systèmes de santé.

L'article a aussi été rédigé par Lawrence King, de l'Université de Cambridge, Martin McKee, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine et par David Struckler, de l'Université Oxford.

Le Fonds monétaire mondial est une organisation internationale ayant 188 pays membres qui vise à assurer la stabilité du système monétaire mondial.