Un milliardaire de Hong Kong, à la tête d'un empire immobilier, a été reconnu coupable vendredi de corruption active d'un ancien numéro deux du gouvernement local, convaincu lui de corruption passive.

Les frères Thomas et Raymond Kwok, qui figurent parmi les hommes les plus riches du monde, étaient accusés d'avoir «acheté» l'ancien secrétaire en chef du gouvernement Rafael Hui en échange d'informations et de la défense de leurs intérêts, une affaire qui a secoué l'ancienne colonie britannique passée sous contrôle chinois, soucieuse de préserver son image et son rang dans la finance internationale.

Raymond a bénéficié d'un non-lieu mais Thomas a été reconnu coupable et encourt un maximum de sept ans de prison pour avoir «arrosé» pendant des années Rafael Hui, qui est le plus haut dirigeant politique jamais convaincu de corruption à Hong Kong.

En liberté sous caution pendant son procès, Thomas Kwok a été placé en détention - de même que Hui - avant l'audience finale prévue lundi et l'annonce de la sentence qui est attendue ultérieurement.

Hui a perçu 34 millions de dollars de Hong Kong (3,9 millions de dollars canadiens) sous forme de dons ou de prêts sans contrepartie, et profité gracieusement de luxueux appartements, selon l'acte d'accusation.

Hui et les frères Kwok avaient été arrêtés en mars 2012 par les agents de l'ICAC, la Commission indépendante de lutte contre la corruption, rendue célèbre par le cinéma hongkongais.

Thomas et Raymond Kwok, 63 et 61 ans, dirigent le plus grand groupe immobilier du territoire, Sun Hung Kai Properties. Ils arrivent en quatrième position des plus grosses fortunes de Hong Kong, et au 64e rang mondial, avec un patrimoine estimé à 14,5 milliards de dollars US, selon la liste publiée en 2014 par le magazine américain Forbes.

Leur procès est une «tache sur l'intégrité de Hong Kong», a déclaré à l'AFP Francis Lun, PD-G de la maison de courtage Geo Securities, tout en rappelant que Hong Kong s'était doté dès les années 1970 d'un organisme de lutte contre la corruption - l'ICAC - impitoyable, dont la réputation dépassait les seules frontières de la ville.

«Je soupçonne qu'il ne s'agit pas d'un cas isolé», a-t-il toutefois avancé.

Après des années de développement débridé au cours desquelles les triades -- les mafias chinoises -- jouèrent un rôle significatif, Hong Kong, rétrocédée à la Chine en 1997 sous le régime de «région administrative spéciale», se targue aujourd'hui d'avoir quasiment éradiqué la corruption à grande échelle.

Elle était classée en 2013 par l'ONG Transparency International au 15e rang des nations les moins corrompues.